Prestige N 257-258 Déc. 2014-Jan.2015
© Jaeger – LeCoultre
Carmen Chaplin dans «A time for Everything»
Petite-fille de Charlie Chaplin, l’un des plus grands génies du XXe siècle et du peintre Patrick Betaudier, et arrière petite-fille du dramaturge Eugene O’Neill, Carmen Chaplin a l’art et le cinéma dans le sang. Née à Londres, élevée en Espagne et en France, l’actrice, scénariste et réalisatrice partage aujourd’hui sa carrière entre New York, Paris et Londres. De passage à Abu Dhabi pour le Festival du Film, Prestige a rencontré l’ambassadrice de charme de l’horloger suisse Jaeger-LeCoultre.
Carmen Chaplin, l’art est dans vos gènes: votre grand-père maternel est le peintre Patrick Betaudier, et votre grand-père paternel le célèbre Charlie Chaplin. Avez-vous toujours su que vous vouliez un jour travailler dans le cinéma? A sept ans, je voulais faire partie de Médecins Sans Frontières… Mais j’ai vite changé d’avis quand je me suis rendu compte que j’ai peur du sang (rires). Sinon, oui, j’ai toujours voulu être actrice et faire des films…
Avez-vous été bercée dans ce monde-là? Mon père me racontait toujours de très belles histoires, chaque fois que je lui demandais. Aucun de mes parents ne travaillait dans le cinéma. J’ai grandi à la campagne, loin de Hollywood… J’ai été éduquée loin de cet univers mais en même temps, à chaque fois qu’on allait chez mon grand-père en Suisse, on rencontrait des acteurs hollywoodiens comme Walter Matthau ou James Mason… Petite, j’adorais leurs films, donc cela m’impressionnait plus que de voir des stars des années 80. Quelque part c’est ce qui me faisait rêver.
Avez-vous connu votre grand-père Charlie Chaplin? Il était déjà très âgé quand j’étais petite. J’ai des souvenirs de vacances en Suisse chez lui, où l’on passait Noël, Pâques et les vacances d’été… Comme nous avions de nombreux cousins, c’était de grandes réunions familiales, très amusantes pour nous. Des moments féeriques… Mes souvenirs avec mon grand-père sont ceux des rencontres familiales plutôt que des souvenirs très précis d’instants intimes.
Ressentez-vous plus de pression dans votre travail, parce que vous êtes la petite-fille de Charlie Chaplin? Je n’ai pas l’impression d’avoir une pression particulière. En revanche, en réalisant un court ou un long métrage, il y a toujours la pression de réussir son projet aussi bien, voire mieux que notre vision initiale… Comme tout réalisateur, d’ailleurs. Mais je ne sens pas plus de pression que d’autres artistes, même si parfois, il est arrivé que l’on compare ma réalisation à la sienne…
Pour célébrer le centième anniversaire du personnage «Little Tramp» de Charlie Chaplin, vous avez réalisé un court métrage sous le nom de «The Innovators», dans lequel il y a trois générations de Chaplin: votre fille Uma, votre sœur Dolores, et votre père Michael…Quand on m’a proposé de réaliser ce film, je n’ai pas voulu en faire un en noir et blanc ou un documentaire. J’ai préféré aller du côté opposé en faisant un film avec des membres de ma famille… Les images de mon grand-père que j’ai en tête viennent surtout des films de famille qu’il avait l’habitude de faire avec ses huit enfants. Mon grand-père faisait le clown pour les faire rire. A l’époque, il avait déjà 60 ans. J’ai aimé ses formidables films de famille dans lesquels il était très drôle avant de connaître et d’aimer ses films de cinéma.
Si vous pouviez discuter avec votre grand-père, comment imagineriez-vous cette conversation? J’aimerais surtout qu’il me donne des conseils sur la manière de faire de bons films! (rires).
© Jaeger – LeCoultre
Charlie Chaplin
Vous êtes actrice et réalisatrice. Laquelle préférez-vous? Une actrice s’investit énormément dans son rôle, mais le résultat final du film n’est pas entre nos mains, et n’est pas toujours ce qu’on aimerait. En tant que réalisatrice, le challenge est plus grand parce qu’on a plus de responsabilités. J’aime les deux, mais je préfère la réalisation, un travail nouveau pour moi. Etre responsable de tout le film, avoir plus de pouvoir sur chaque élément… Je trouve excitant le fait d’avoir une idée, de l’écrire, de travailler avec d’autres acteurs et que tout cela aboutisse en film.
Vous êtes à Abu Dhabi pour l’ouverture du Festival du Film comme amie de la marque Jaeger-LeCoultre. Comment est née cette amitié? Au tout début, il y a quatre à cinq ans, j’avais réalisé mon premier court métrage dans lequel une montre tient un rôle important… J’avais choisi alors une montre Reverso pour homme. C’était notre première rencontre. Puis, ma sœur Dolores et moi, en collaboration avec Jaeger-LeCoultre, avions organisé un dîner pour célébrer l’anniversaire de l’Oscar d’Honneur de mon grand-père. Par la suite, j’ai réalisé le court métrage A Time for Everything avec la montre Memovox que les autorités suisses du Canton de Vaud avaient offerte à mon grand-père lors de son aménagement en Suisse en 1953…
On retrouve aussi trois générations de Chaplin dans ce court métrage: votre fille Uma, votre mère Patricia et vous-même… Je suis très proche de ma famille qui m’inspire beaucoup. Pour ce court métrage je voulais surtout transmettre de l’émotion. Et pour moi, il y a beaucoup d’émotions avec ma mère et ma fille. Il est plus facile pour moi de faire passer cette émotion à travers elles.
© Jaeger – LeCoultre
Carmen Chaplin à Abu Dhabi
Vous travaillez actuellement sur votre premier long métrage. Pouvez-vous nous en parler? Le film s’appelle The Lamentation of Swans et se déroule à Paris. C’est l’histoire de femmes qui traversent des moments extraordinaires dans leurs vies respectives. Je suis au stade de la réécriture du scénario… Le tournage est prévu pour le printemps prochain.
Qu’est-ce que le luxe pour vous? Pouvoir passer beaucoup de temps avec ma famille, ma fille et mon mari, et pouvoir aussi faire le travail que j’aime et qui me nourrit. C’est un luxe d’arriver à jongler avec les deux et d’avoir le temps pour les deux.
Votre moment préféré de la journée? Le matin.
Votre ou vos moment(s) préféré(s) de votre vie? Le présent.
Votre film préféré de Charlie Chaplin? City Lights.
Votre film préféré? All About Eve.
Votre montre préférée? Celle que je porte, la Reverso en or rose de Jaeger-LeCoultre.
Quelle est votre relation avec le temps? Avec le temps qui passe, je me sens mieux dans ma peau. Mais avec le temps qui passe, ma peau, elle, ne va pas mieux (rires). J’ai un peu peur du temps qui passe, c’est vrai. Mais en même temps, j’ai une fille qui grandit et embellit au fil du temps… Il est plus facile de vieillir quand on a un enfant. Propos recueillis à Abu Dhabi par Maria Nadim