Prestige N° 274, Mai 2016
Championne du récent et prestigieux tournoi de bridge Patton de Monaco, titre qui constitue une première au niveau du monde arabe, un «rêve», May Sakr est, depuis 2010, sacrée Reine du bridge au niveau international. Une reine passionnée de son jeu qui conjugue talent, concentration, énergie et persévérance… Autant de facultés physiques et intellectuelles qu’elle développe en progrès constant avec son mentor, partenaire de jeu et compagnon de voyage, l’expert polonais Krzysztof Martens. Sur les 365 jours de l’année, May et Martens y consacrent plus de cent à la pratique de ce jeu. Tout en adressant ses meilleures félicitations à May Sakr et encore plus au Liban, Prestige est fière de présenter un modèle de Talent libanais qui vise à donner au monde entier la plus belle image de son pays.
May Sakr fière de la médaille d’Or de Monaco. © Archives May Sakr
Pouvez-vous nous donner un aperçu de vos études et de votre formation? A la suite de mes études secondaires au Liban, j’ai obtenu un diplôme de «Computer Science» de l’université Northern Illinois University, NIU, aux Etats-Unis.
Vous êtes championne de Monaco suite à votre victoire au tournoi de bridge Patton de Monaco… Quelles sont vos impressions? Nous sommes les récents vainqueurs du prestigieux tournoi de bridge Patton de Monaco qui s’est déroulé en octobre 2015. J’éprouve une grande fierté pour cette victoire lors de laquelle nous avons rencontré plusieurs équipes composées de champions, notamment le Team Lavazza avec Giorgio Duboin, Madala, Bocci et Bilde et cela sans perdre aucun match.
Vous détenez plus de vingt-deux trophées internationaux. A quand remonte cette passion du bridge? Quel apport ce dernier vous a-t-il donné? Des amis bridgeurs nous ont initiés, mon mari et moi, à ce jeu merveilleux et j’ai été tout de suite captivée. Je savoure chaque donne que j’ai entre les mains. Le défi intellectuel que représente le bridge a révélé mon goût pour la compétition.
«Ma logique, mon instinct et mon intellect travaillent ensemble pour obtenir le meilleur résultat.»
Mes 22 trophées gagnés au bridge depuis l’année 2010. © Archives May Sakr
Vous avez une Académie de bridge, comment a-t-elle été fondée? Au Liban, il n’existait pas de lieu d’enseignement du bridge. J’ai été encouragée dans ce sens par ma famille dont c’est le domaine d’activité.
Votre parcours, de l’Académie au Club… Le parcours visait surtout à encourager les débutants à s’habituer aux tournois de bridge. Raison pour laquelle nous avons commencé à en organiser à l’Académie. Tous les élèves appréciaient cette ambiance amicale et en même temps commençaient à avoir confiance en eux. Nous avons aussi demandé aux anciens joueurs de participer, ce qui les a rendus plus proches des débutants et plus indulgents. C’était une réussite.
A votre avis, le bridge est-il un sport ou un jeu? Le bridge est un jeu et en même temps un sport de l’esprit. N’oubliez pas que l’esprit exerce une influence non négligeable sur le physique. Les processus cognitifs mobilisés par le bridge, notamment la mémoire, ont une influence positive dans la prévention des maladies neuro-dégénératives telles que l’Alzheimer, chez les personnes qui jouent régulièrement. D’ailleurs, ceci a été confirmé par de récentes études.
Comment avez-vous connu votre mentor et compagnon de voyage Krzysztof Martens? J’ai fait la connaissance de Krzysztof, car il venait souvent au Liban pour jouer avec des bridgeurs locaux et pour encourager le bridge. Il m’a prise sous sa protection, et m’a dispensé un enseignement qui m’a fait découvrir le bridge de haute compétition.
Krzysztof Martens vous surnomme «Killer», pourquoi? Krzysztof m’a attribué ce surnom à cause de mon sens de la compétition qui me pousse impérativement à atteindre mon but, coûte que coûte. Ma logique, mon instinct et mon intellect travaillent alors ensemble pour obtenir le meilleur résultat possible, ou impossible parfois…
May Sakr et son équipe lors du tournoi de Monaco. © Archives May Sakr
«Je rêve de pouvoir jouer tous les grands tournois dans le monde et de gagner le plus grand nombre de trophées.»
Comment réussissez-vous à concilier votre vie de mère de famille et de bridgeuse? Au niveau du bridge, j’essaie de faire une sélection des tournois les plus intéressants pour y participer et je planifie mes voyages bien en avance pour ne pas entraver mes engagements familiaux.
Quel est votre principal trait de caractère? Il se résume en un seul mot: la persévérance.
Quel est votre rêve de bonheur? Mon rêve de bonheur serait de pouvoir jouer tous les grands tournois partout dans le monde et de gagner le plus grand nombre de trophées. Normal, non?
Quelle est votre devise? Il faut profiter pleinement de la vie et rendre ma famille heureuse.
L’American Contract Bridge League, ACBL, A eu lieu en mars 2016, durant le National à Reno. © Archives May Sakr
Quel est le plus beau compliment que vous avez reçu? Lorsqu’un grand champion du calibre de Zia Mahmoud m’a dit: «Maintenant tu es une championne. Je suis fier de toi».
Quel est votre plus beau souvenir? Mes meilleurs souvenirs sont mes victoires et la fierté qui les accompagne.
Si vous n’étiez pas May Sakr, qui auriez-vous aimé être? J’aurais aimé être une danseuse de ballet classique.
Un don de la nature que vous aimeriez avoir? Je voudrais pouvoir me téléporter! Ce serait beaucoup plus rapide que les transports habituels.
May est reine du festival de Chypre durant trois années consécutives. Sur la photo elle porte le trophée d’octobre 2015. © Archives May Sakr.
Lyon, capitale mondiale du bridge en 2017 accueillera les prochains Championnats du monde. Comptez-vous y participer? Oui, j’ai l’intention de participer aux prochains Championnats internationaux, notamment ceux de Lyon en 2017.
Quel message aimeriez-vous transmettre à vos compatriotes? Il faut toujours essayer, chacun à sa façon et selon ses capacités et ses dons, de donner au monde entier la plus belle image du Liban. Propos recueillis par Mireille Bridi Bouabjian.
