Prestige Nº 275, Juin 2016
«Retrieving Beirut» ou l’art porteur de messages
Donna Maria Feghaly, diplômée en arts plastiques de Paris et en architecture d’intérieur de l’Alba, est l’auteure de l’initiative «Retrieving Beirut», première plate-forme d’art engagé au Liban. Organisée en collaboration avec Unilux et la marque italienne iGuzzini en partenariat avec le ministère de l’Economie et du Commerce et le Centre culturel brésilien, entre autres, l’exposition réunit onze artistes de différentes disciplines, pour créer un lien de coopération et de responsabilité avec la société. Donna Maria Feghaly et trois artistes participants confient leurs impressions à Prestige.
Donna Maria Feghaly, fondatrice et directrice de création de Noir Clair, et curator de Retrieving Beirut.
Le concept de «Retrieving Beirut»… Aujourd’hui, nous assistons au Liban à un début d’éveil et de renaissance, notamment chez les jeunes. Le traumatisme de la guerre est bel et bien passé et beaucoup d’initiatives sont en voie d’élaboration pour changer les mentalités et se libérer. Plusieurs domaines artistiques sont à explorer, et aucune ville mieux que Beyrouth n’offre ce tas d’opportunités pour s’activer. L’idée donc est de créer une plate-forme d’art engagé pour atteindre un grand public et établir un lien entre les artistes et la société. Un lien de responsabilisation, car les artistes possèdent les outils les plus efficaces, les plus beaux et les plus subtils susceptibles de sensibiliser la société et susciter la réflexion, avec des débats ouverts, pour avoir un meilleur avenir. L’idéal est de créer un effet boule de neige.
Parlez-nous du projet… «Retrieving Beirut» marque le lancement de cette initiative unique. Les projets sont basés sur l’art et visent à créer un échange de know-how de cultures avec l’étranger. C’est une exposition d’art collaboratif, un festival d’idées mettant en lumière d’éminents artistes libanais et internationaux, établis et émergents qui partagent leurs visions et leurs rêves et transmettent leur message au quotidien, grâce à des installations artistiques. Le lieu d’exposition est un espace unique, le K-Timber Warehouse à Jisr el Wati, une usine de bois transformée en pop-up galerie d’art.
Pourquoi une usine? «Retrieving Beirut» est une initiative porteuse de messages. Elle n’encourage pas l’art pour l’art seulement, mais également pour développer le volet économique de la ville. Le message derrière ce choix est que nous pouvons recycler les espaces et y injecter une nouvelle vie au sein de l’architecture déjà existante.
Quels sont vos objectifs en quelques mots? Nous cherchons, aussi bien artistes qu’organisateurs, à mettre en évidence l’importance de notre patrimoine, la beauté de notre artisanat local et tout simplement le potentiel de notre capitale Beyrouth qui est si souvent sous-estimé.
Qui sont les artistes? Chadi Aoun, Karen Chekerdjian, Robert Cremona, Mukhi Sisters, Charbel Fakhri, Anthony Sahyoun, Elie Moubarak, Abdallah Hatoum, Dimitri Haddad, Youssef Haidar et Johnny Farah.