Prestige N° 284, juin 2017
Village de pêcheurs d’éponge métamorphosé en haut lieu touristique
Perle de la côte égéenne, Saint-Tropez turque aux maisons blanches en terrasses sur fond de mer bleu turquoise, Bodrum, la ville de 650km2 et 88 000 habitants, située au sud-ouest de la Turquie, est aujourd’hui une destination touristique de rêve. Très prisée par les touristes, elle s’étend sur deux baies séparées par le magnifique château Saint-Pierre, avec à l’Est, une zone piétonne animée de plages, et à l’ouest le port de plaisance d’où l’on peut se rendre aux plages avoisinantes. Des siècles durant, Bodrum fut un village de pêcheurs d’éponge inconnu dont la population ne dépassait pas les 2000 habitants. Fondée au Ier millénaire av. J.-C. par les Grecs sous le nom d’Halicarnasse, elle passa en 546 av. J.-C. sous la domination perse et connut son âge d’or sous le règne de Mausole. En 334, Alexandre le Grand la conquit et après sa mort, la ville fut sous domination gréco-romaine puis dévastée par les Arabes qui avaient envahi l’Anatolie. En 1402, les chevaliers de Saint-Jean y construisirent le Fort de Saint-Pierre dédié à leur saint patron et baptisèrent la ville Petronium, à l’origine du nom grec Bodrum. En 1522, ils abandonnèrent la ville à l’empire ottoman, sans combattre le sultan Soliman le Magnifique. Au fil des ans, Bodrum fut un lieu de refuge des artistes et des marginaux avant de devenir ce haut lieu touristique. Histoire et beauté dans cette escapade sur la Riviera turque.
Château Saint-Pierre
Imposant. Sept portes, cinq tours, 249 blasons sur ses murs et seize autres dans le jardin du musée, quatorze citernes! Construit au XVe siècle sur un plan presque carré, 180x185m, ce château médiéval au cœur de Bodrum constitue l’une des principales attractions touristiques de la ville. Situé sur une péninsule rocheuse entourée de trois côtés par la mer Egée, entre deux ports, le château est hérissé de cinq tours: anglaise, italienne, allemande, la tour au serpent et la tour française, la plus haute, culminant à 47,5m d’altitude. Doté d’un merveilleux jardin andalou ainsi que d’une chapelle, il fut bâti entre 1402 et 1503 par les chevaliers de l’ordre de Saint-Jean, ordre monastique militaire appelés aussi chevaliers hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem puis chevaliers de Rhodes et enfin chevaliers de Malte. A l’entrée, une vaste collection d’amphores sont alignées les unes à côté des autres et accompagnées de notes détaillées sur leur fabrication et leur utilisation. Dans les années 60, le gouvernement a aménagé le Musée d’archéologie sous-marine à l’intérieur du château, l’un des plus beaux musées du monde.
L’ Amphithéâtre
Le théâtre antique de Bodrum, l’un des plus anciens d’Anatolie qui date du règne de Mausolos, jouit d’une vue imprenable sur Bodrum et le château. D’origine hellénique, restauré à l’époque romaine, le théâtre antique se compose de trois sections principales: la skene, bâtiment de scène, l’orchestre plus grand qu’un demi-cercle dont la base aurait été pavée de marbre et la cavea, des gradins pour les spectateurs taillés sur un socle souple sur la pente de la colline. La cavea est divisée en deux sections: les meania haute et basse. Douze escaliers verticaux divisent la meania basse en onze parties. La plupart des gradins de la meania supérieure ont disparu. Offrant 40cm d’espace par personne, le théâtre avait une capacité d’accueil de 13 000 spectateurs. Les galeries visibles sous la meania supérieure empêchaient l’eau de s’accumuler dans le théâtre. Devant la première rangée de gradins se trouve un autel où l’on faisait des offrandes au dieu du vin Dionysos avant le début des représentations. Entre l’autel et la première rangée, il y avait deux rangées de balustrades destinées à protéger les spectateurs des combats de gladiateurs et d’animaux sauvages. Des fragments des panneaux de la balustrade subsistent toujours.
Le Marché ou Bazar
Fondée sur une cité ancienne, la ville moderne de Bodrum attire les touristes du monde entier par son architecture caractéristique, ses jardins de mandarines, ses yachts, ses habitants accueillants et son bazar. Des centaines de yachts transportent les voyageurs le long de la côte égéenne pour leur faire admirer la beauté de la nature et leur faire goûter tous les produits frais de la mer, notamment la soupe de poisson et la salade de poulpe. Des tapis, Karaova ou Milas, teints naturellement, attirent particulièrement la clientèle. De même les sandales en cuivre fait main sont très appréciées par les touristes.
Mausolée d’Halicarnasse
Pour Hérodote le Grec, le père de l’Histoire natif d’Halicarnasssus, le mausolée, construit en 352 av. J.-C. est l’une des Sept Merveilles du monde antique. Il avait raison. Son bâtisseur, le roi Mausole, est héritier d’une vieille dynastie carienne, gouvernant au nom des Perses sous le titre de Satrape. Transférant la capitale de Mysala à Halicarnasse, il fit de celle-ci une magnifique cité qui connut son âge d’or. Après sa mort en 354 av. J.-C., son épouse et sa sœur Artémise lui succéda et veilla à l’achèvement du mausolée. Découverts, au XIXe siècle par les archéologues, les bas-reliefs et statues colossales de Mausole et d’Artémise sont exposés au British Museum à Londres.