Prestige N 287-288, Déc. 2017-Jan. 2018
Américaine d’origine, Européenne de culture, Libanaise de cœur, Alice Bradley Eddé, une mordue de voyages, vit une éternelle captivité depuis sa rencontre avec l’avocat et homme d’affaires Roger Eddé, son époux. Une captivité qu’elle n’a d’ailleurs à aucun instant regrettée, devenant tous deux partenaires d’une grande ambition, bien plus qu’un couple. Alice Eddé relate sa grande aventure à Prestige.
Vous avez beaucoup voyagé, vous êtes d’origine américaine mariée à l’homme d’affaires Roger Eddé… Je suis libanaise d’origine américaine de Saint Louis, Missouri, fille d’un officier qui a été des grandes guerres du siècle dernier. Ma mère est descendante de Sir Ronald Store. J’ai fait mes études au Sacré-Cœur à Bonn, en Allemagne où j’ai acquis une éducation des plus solides culturellement et moralement! J’ai été de toutes les campagnes activistes de l’époque, «Sauver Venise» m’a le plus mobilisée. J’ai travaillé à Time Life Books à Amsterdam m’intéressant au Vieux Monde! J’ai été jusqu’en Iran du Chah, même en Afghanistan et je m’apprêtais à découvrir l’Est de la Méditerranée quand j’ai débarqué au Liban chez une amie et collègue qui travaillait pour National Geographic. Elle m’a reçue chez elle à Beyrouth où son mari était correspondant de la chaîne TV ABC! C’est grâce à Carla Hunt que j’ai rencontré Roger Eddé, son jeune avocat «dit de bonne famille, à la moralité irréprochable»! C’était si vrai qu’il s’est avéré «fin séducteur» au point que depuis notre rencontre en 1973 nous n’avons jamais été séparés. Nous sommes devenus des partenaires d’une grande ambition, bien plus qu’un couple marié à 8h30 du matin à la petite chapelle de Harissa avec uniquement 12 invités pour prendre l’avion à 15h pour Paris où Roger a été pris directement à une réunion de travail. Notre union n’a jamais été ébranlée quels qu’aient été les défis des aventures politiques de Roger ou sa faiblesse pour la beauté et les charmes de la nature! Ce qui nous est commun a toujours été plus important que tout.
Quand vous êtes-vous installés au Liban? De 1976 à 1998, nous avons vécu dans quatre continents, simultanément, en exil volontaire du pays des cèdres. De retour au Liban, notre première ambition fut de promouvoir et développer un high-tech et multimédia Global Village dans la région-fief historique des Eddé, Byblos, Bilad Jbeil!
Racontez-nous vos projets d’investissements… Pour l’authenticité du peuple de Byblos et de cette partie du Mont Liban, nous étions, Roger et moi, motivés par la passion. L’initiative visait à remettre le Liban sur la carte touristique régionale et internationale, à partir de Byblos. Nous avons commencé par Eddé Sands et le Vieux Souk. Nous avons procédé à la réhabilitation et la construction d’un resort balnéaire, dans un lieu riche de 7.500 ans d’histoire. A Eddé Sands un magnifique jardin couvre l’espace avec de l’eau pour planter des bassins aquatiques, comme pour nager. Les jardins ne manquent jamais de fleurs! Et les fruitiers comme les romarins et autres plantes sauvages s’y retrouvent. Le Spa et l’Ayurveda sont un paradis secret. Au Vieux Souk, une librairie est spécialisée Jbeil et le Liban. Nous nous sommes concentrés sur les herbes de la région, les plantes, les produits bio. Des musiciens, jazz nights internationaux animent les soirées en live, et nous collaborons avec le Festival de Byblos, Via Appia Byblos, les fermiers et producteurs «vert». Nous organisons aussi des fêtes et journées champêtres et culturelles pour enfants.
Qu’en est-il des restaurants? Ils font partie du succès de Byblos. Le restaurant libanais est à l’entrée du souk, Alice Eddé Garden Boutique en face, puis c’est éChtar, la Maison du Jazz, et sous un toit de bougainvilliers, accessible à tous, le restaurant italien éL-Forno. And last but not least, le restaurant français éCafé et son Bar Rouge…
Qu’avez-vous préparé pour Noël? Pendant trois jours, il y aura une exposition des designers chez Alice Eddé, avec musique live et bien entendu des rafraîchissements healthy et un peu moins healthy!
Que représente Byblos pour vous? Byblos, c’est l’histoire et le cumul culturel du plus précieux du «Vieux Monde», à plusieurs égards. Byblos mérite pour moi l’engagement d’une vie, comme elle est pour Roger, retrouver ses racines, son «Home Sweet Home».