Prestige N 291, Juil-Aout-Sept. 2018
Depuis 1955, Corum considère la créativité et l’audace comme ses valeurs cardinales. La marque poursuit le chemin tracé par ses fondateurs, restant plus que jamais fidèle aux collections emblématiques tout en les enrichissant d’une touche moderne et puissante, empreinte d’innovation et de progrès technique. La continuité et la longévité des collections ne sont pas de vains mots chez Corum: la collection Admiral sillonne les mers depuis 50 ans, tandis que la collection Bridges se distingue depuis plus de 30 ans dans l’univers de l’horlogerie. Plus que jamais, l’histoire est en marche chez Corum. Prestige a rencontré à Basel Jérôme Biard le nouveau CEO de Corum.
«Corum est symbole d’audace et de créativité»
Quand avez-vous repris les rênes de la marque? J’ai repris depuis à peine un an. J’ai rencontré le comité de la direction pour définir les grands axes de la stratégie, et j’ai commencé à être opérationnel en septembre 2017.
Pouvez-vous nous raconter votre parcours avant de rejoindre Corum?J’ai toujours travaillé dans le milieu horloger. J’ai commencé ma carrière professionnelle en tant que Area Brand Manager pour Vacheron Constantin, puis j’ai été responsable des ventes et du marketing chez Cartier avant de rejoindre en 2005 Girard-Perregaux et de travailler auprès de Luigi Maccaluso en tant que directeur international des ventes. En 2009 j’ai été nommé directeur général de LPI, la division montres et joaillerie du Groupe Weitnauer, une entreprise suisse de distribution dans le secteur horlogerie, luxe et lifestyle pour les marchés russe, turc et brésilien. En septembre 2017 je deviens le directeur de la division horlogère au sein du conseil d’administration Europe du groupe Hongkongais Citychamp, prenant ainsi la responsabilité des marques Eterna et Corum.
Vous êtes de quelle nationalité? Je suis né en France, mais j’ai la double nationalité suisse et française. Mon père, ingénieur, a travaillé à Bâle chez Sandoz. Venus au départ en Suisse pour juste deux ans, il y est resté. Je me sens plus suisse que français.
Pensez-vous que le fait d’avoir été au contact de la clientèle internationale est utile pour le développement de la marque? Bien sûr. Je veux que davantage de personnes qui travaillent sur le développement de la marque voyagent et sortent de la Chaux-de-Fonds pour comprendre ce qui se passe ailleurs. Nous allons réaliser des séries pour des pays, pour des détaillants pour qu’à l’époque de l’Internet il y ait moins de globalisation. Le luxe c’est la rareté.
Qui s’occupe du design chez Corum? Nous avons un très bon designer formé dans la bijouterie. Je vous montre un modèle qui sortira l’année prochaine. Impressionné par la collection Haute Couture 2018-2019 notamment par la broderie, notre designer a créé un boîtier rectangulaire, un peu arrondi, avec une carrure assez large pour insérer de gros diamants. Nous allons réaliser des boîtiers avec des sertis, des fleurs, des couleurs, des pierres précieuses, déclinés à foison pour des bijoux uniques, variés aux formes différentes. Parler de Corum, c’est évoquer des pièces Métiers d’Art, originales. Parmi les créations iconiques de la collection, nous avons la Coin, soit une pièce de 20 dollars en or. Un artiste russe incroyable, qui est le meilleur graveur au monde, a réalisé des œuvres uniques sur cette pièce de 20 dollars, qui sont complètement dans l’air du temps et qui plaisent, ce qui prouve notre savoir-faire et notre originalité. En termes de produits, nous allons tenter d’être toujours plus innovants, élégants, raffinés. Beaucoup de choses ont changé, notre campagne publicitaire sera axée sur la diversité de notre clientèle.Nous voulons choquer d’une manière originale. Par exemple, la photographe Juliette Jourdain, qui maquille des personnages d’une façon originale, et crée des photos d’art est une amie de la marque, elle a participé avec nous à une édition de la Bubble. Tout cela pour atteindre une clientèle très diversifiée.
J’ai remarqué que la Bubble, montre iconique de la marque est déclinée en une variation sublime, chaque pièce étant différente de l’autre, pouvez-vous nous en parler? La Bubble fait partie de l’ADN de la marque, même si elle a disparu pour une période. Etre extrêmement créatif, audacieux et différent rentre également dans l’ADN de la marque.
Est-ce pour cette raison que vous avez créé une montre avec un artiste controversé, comme le rappeur français Booba? Nous l’avons réalisée pour montrer que nos clients sont tous différents, parce que ce rappeur, c’est aussi un homme talentueux. Nous aimons montrer que nos créations sont tellement différentes. Parmi nos collaborations avec des artistes, citons Joachim Horsley, compositeur et pianiste avec qui nous avons établi un partenariat pour la Golden Bridge. Nous avons estimé qu’il était un partenaire idéal pour nous représenter. Notre partenariat a été lancé lors d’une soirée aux Folies Bergères. A l’occasion du premier concert européen de Joachim Horsley, une édition spéciale a été créée pour lui dont l’écrin fut réalisé par la maison Reuge; une boîte à musique qui reprend ses partitions. C’est une collaboration différente marquée par une certaine élégance.
Dans le temps, vous aviez utilisé le bois pour certains modèles… Nous avons utilisé du Tek, c’est plutôt cohérent avec l’image de la marque. C’est légitime par rapport au monde de la voile auquel Admiral se marie. De nouveau, cela prouve que nous sommes audacieux, car stabiliser le bois n’est pas facile. Avec nos quatre pôles: Admiral, Golden Bridge, Bubble, Heritage, il est facile de reconnaître une montre Corum. Rares sont les marques qui ont autant de produits facilement identifiables de loin. Propos recueillis à Bâle par MARCELLE NADIM