Perfectionnisme, vivacité d’esprit et sens artistique aigu animent le Dr Fady el Hélou, chirurgien-dentiste spécialiste en implantologie et en esthétique, et président-fondateur du Murex d’Or. Avec son frère, Dr Zahi el Hélou, les deux toubibs partagent la même passion pour cette manifestation d’envergure, qui en est à sa 19e édition d’affilée. Souvenirs, impressions et confidences de Dr Fady el Hélou à Prestige.
Vous êtes deux frères unis par une même profession médicale et par une même passion pour l’art… Ce phénomène est rare de nos jours. Qu’en pensez-vous? Je pense que ce phénomène est plutôt fréquent de nos jours. Nous sommes, Zahi et moi, deux frères nés au sein d’une même famille. Nous avons grandi tous les deux dans la même école, partagé la même ambiance et les mêmes goûts… De même, nous avons fait nos études de médecine à l’Université Saint-Joseph, puis une spécialisation à Paris et jusqu’à présent, nous sommes toujours ensemble. Les frères Rahbani, qui sont un exemple type d’union familiale, ont tenu à nous citer expressément dans les médias, comme un modèle de frères unis.
Lors d’une édition du Murex d’Or, vous avez improvisé un discours et une remise de prix à Melhem Barakat. Racontez-nous comment et quelles étaient vos impressions à ce moment-là? Effectivement, cela s’est produit lors d’une édition, lorsque le réalisateur Tony Kahwaji, censé annoncer le nom de la personnalité honorée et prononcer un mot de circonstance, s’est absenté. Comme l’édition était en live, le producteur m’a précipitamment remis un papier portant tout simplement le nom de l’honoré, Melhem Barakat. J’avoue qu’à ce moment-là j’ai eu le trac. J’ai été surpris, l’expérience était toute fraîche. Puis comme cela s’est répété assez souvent, j’ai fini par réagir spontanément. Il faut dire que le vrai trac qui augmente chaque année, est celui que nous avons, Zahi et moi, à l’approche de l’événement. Tant de problèmes à résoudre, tant de défis à relever, pour être à la hauteur de l’événement. C’est énormément stressant.
Que vous procure la renommée artistique? Et la réputation médicale? La renommée artistique nous procure davantage de célébrité. Elle élargit le cercle de nos connaissances et de nos amitiés. Au niveau professionnel, la réputation entraîne l’appréciation, la satisfaction et l’amour des personnes. Sur les deux plans, la belle renommée procure davantage de succès et de respect. Et cette appréciation nous donne un nouveau souffle et une énergie nouvelle pour continuer.
Votre plus beau souvenir du Murex d’Or? Une situation que vous aimeriez évoquer? Il est difficile de cerner le plus beau souvenir. D’une année à l’autre, et dans chaque édition, il y a des moments mémorables qui font l’histoire du Murex d’Or. En 2005, je me souviens de la regrettée Salwa Katrib qui accompagnait sa fille Aline Lahoud pour faire son entrée en scène. Ce souvenir était aussi beau que triste puisque l’année suivante, nous avons perdu Salwa. Toujours en 2005, un autre souvenir qui reste gravé dans ma mémoire, lorsque Georgina Rizk, Miss Univers 1971, a fait son apparition sur le plateau du Murex d’Or après une longue absence. L’événement a eu de larges échos, car le public était tout heureux de la revoir sur scène. Encore un moment fort du Murex d’Or, l’improvisation faite, en 2007, par les vedettes Assala et Chirine Abdel Wahab qui ont interprété à deux la chanson de Fayrouz, «Bhebback ya Lebnan». Et l’improvisation immédiate, en réponse, de Waël Kfoury, avec la chanson «Lebnan ya Qot3et Sama» de Wadih el Safi. Que dirai-je aussi de ce medley, en 2008, qui a réuni les grands artistes Assala, Carole Samaha, Hussein el Jasmi, Marwan Khoury, pour honorer les légendes Zaki Nassif, Wadih el Safi, Sabah et Melhem Barakat? Et en 2010, à l’occasion du 10e anniversaire du Murex, lorsque nous avons choisi la meilleure scène en plein air à Byblos, pour accueillir de grands noms, à l’instar d’Alessandro Safina… Comment ne pas se remémorer également de si beaux souvenirs de célébrités internationales qu’on rêvait de voir de près, et qui ont honoré la scène du Murex d’Or, telles la vedette égyptienne Naglaa Fathi, et les stars italiennes, Claudia Cardinale et Ornella Muti?
Avez-vous, votre frère et vous, les mêmes amitiés dans le domaine artistique? Oui, en fait, nous avons les mêmes amitiés puisque nous connaissons les mêmes personnes. Cependant, lors des rencontres, nous nous partageons évidemment les tâches.
Quelle qualité vous unit à votre frère, et quel défaut vous sépare? En termes de qualité, nous avons tous les deux les mêmes goûts et les mêmes passions artistiques. En termes de défaut, je dirai que je suis tout simplement plus organisé que Zahi.
Les ingrédients du succès dans la vie, à votre avis? L’amour, voire la passion et l’organisation du travail. Le financement est très important, certes, mais il arrive parfois que le projet échoue, même si le budget est gros, car il y a un esprit et un goût qui manquent quelque part. En revanche, nous pouvons, avec un petit budget, réussir un beau projet lorsque l’objectif est fixé, désiré et aimé. La bonne répartition des tâches est également importante.
Le grand amour de votre vie? La famille. Mes parents, mon frère et sa famille. Je ne suis pas parfait, mais je suis plutôt une personne trop perfectionniste. Toutefois, j’essaie de ne pas être trop exigeant.
Dr Zahi et vous avez toujours collaboré en tandem. Vous est-il arrivé un jour d’avoir à trancher seul une situation embarrassante? Cela m’est arrivé plusieurs fois, notamment lorsque Zahi est en voyage pour un congrès ou autre. Je me souviens de cette campagne d’agression virulente menée un certain temps, contre le Murex d’Or. Zahi était absent. J’y ai fait face tout seul, en répondant fermement et succintement. Comme il le fallait.
La famille pour Dr Fady el Hélou est… La sécurité, la sérénité, la confidence.
Votre héros dans la vie… Jésus-Christ. Petits enfants, nos parents étaient nos héros. En grandissant, nous leur avons ajouté les personnes exceptionnelles qui ont créé un phénomène positif dans la vie, à l’instar du pape Jean-Paul II.
Si vous n’étiez pas Dr Fady el Hélou, qui auriez-vous aimé être? Dr Fady el Hélou. Je suis pleinement convaincu de ma personne, de mes idées et de ma situation.
Que diriez-vous aux nouveaux espoirs qui font chaque année leur entrée en scène? Le Murex d’Or donne sa chance à tout nouvel espoir. De nombreuses vedettes ont fait leurs pas sur le plateau du Murex d’or, à l’image de Yara, Elissa, Nancy Ajram et beaucoup d’autres. Chaque année, une catégorie consacrée aux jeunes nouveaux talents, est promise à un bel avenir artistique.
Quelle personnalité a disparu et que vous souhaitiez honorer avant son décès? Au Liban, je citerai les actrices Hind Abillamaa et Ferial Karim, que nous avons honorées à titre posthume. Il y a aussi la star de la chanson arabe Warda, qui était censée venir au Liban en 2010, pour être honorée. Le voyage a été reporté, et la vedette a disparu.
Et quelle personnalité souhaiteriez-vous honorer et que vous n’avez pas pu encore le faire? Je dirai évidemment notre diva Fayrouz que nous aimerions bien rencontrer. Nous apprécions particulièrement ses œuvres et nous continuerons à rêver de la voir.
Une parole ou une situation qui vous a marqué le plus… De beaux souvenirs m’ont marqué, notamment lorsque la personne honorée prononce un mot touchant sur scène. Je me rappelle de l’actrice Leila Hakim qui a déclaré: «Je suis très heureuse de recevoir ce prix de mon vivant», en allusion à toutes ces vedettes qui meurent avant d’être honorées. Rendre visite à des artistes malades, comme Aliaa Nemri, Leila Karam, Saad Karim, m’a également marqué, car ce sont des personnes qui méritent bien un hommage avant leur disparition.
Quels sont les critères sur lesquels vous vous basez pour honorer une personnalité? Nous nous basons sur leur CV important aux yeux du public, des médias et du milieu culturel. C’est l’histoire d’œuvres culturelles et artistiques libanaises, arabes ou internationales et de leur impact sur le public et le monde de la culture. Généralement, nous remettons des prix aux artistes qui ont des années d’expérience et de succès. Mais il nous arrive aussi d’honorer de nouveaux talents qui ont créé leur première œuvre d’art. De toute façon, nous prenons toujours en compte l’état de santé et l’âge de la personne à honorer.
Si vous pouviez remonter dans le temps, auriez-vous organisé le Murex à l’âge d’or de Beyrouth, dans les années 60? Certainement. Nous aurions eu le privilège d’honorer davantage de grands noms que j’apprécie énormément, comme Mohamed Abdel Wahab ou Abdel Halim Hafez. Il est vrai que nous avons actuellement de très belles œuvres d’art, mais le charme de cette époque révolue réside dans le style, direct, simple, spontané… Nous sommes toujours à la recherche de ces anciens noms qui ont fait l’histoire du Liban et qui sont devenus malheureusement rares ou dans l’incapacité physique de monter sur scène.
Un dernier message? Je remercie Prestige, en la personne de Madame Marcelle Nadim, pour son dévouement et son soutien total à l’événement. J’espère que le Murex d’Or continuera à être une station annuelle de rencontre de personnalités du monde artistique, culturel, et médiatique. Une station de bonheur, de beauté et d’appréciation des grands noms qui ont fait l’histoire du Liban et celle du monde arabe et international. Cette rencontre avec les stars du monde entier, qui est importante pour relancer le tourisme du pays et constituer une source de lumière aux jeunes talents pour les préparés à un meilleur avenir. L’édition 2019 sera spéciale, en attendant celle de 2020, où nous célébrerons ensemble les 20 ans de succès du Murex d’Or. Propos recueillis par Mireille Bouabjian