Acteur, scénariste, producteur et professeur de théâtre, Georges Khabbaz continue de nous épater en rendant accessibles au public des œuvres qui traitent de grands problèmes. En 2018, il a présenté au Festival International de Baalbeck la comédie musicale «Illa Iza», avec un orchestre sur scène et une troupe de danse traditionnelle. Nous avons voulu en savoir plus sur son activité théâtrale. Interview.
1- Votre pièce de théâtre qui se joue actuellement «Illa Iza…tghayar chi», est-elle en continuité avec la précédente qui traite de la tour de Babel libanaise? Oui, il s’agit de la deuxième partie qui continue celle qui l’a précédée. La première pièce s’est terminée sur l’examen ADN de chacun des habitants de l’immeuble. Cette analyse a révélé qu’en remontant à ses origines, chacun a découvert qu’il appartenait à une religion différente de la sienne. Ils vont essayer de s’adapter à leur nouvelle religion, d’adopter leur nouvelle confession. C’est un clin d’œil aux Libanais qui changent très vite leurs orientations. Il y a également d’autres dimensions très différentes traitées avec beaucoup d’audace, telle la dimension politique, où le capitalisme et le socialisme s’affrontent. Le capitalisme est représenté par le fils du voisin décédé qui revient d’Amérique et achète tout l’immeuble. Alors qu’en face de lui il y a la journaliste Jahida Ghandour qui est socialiste.
2- Souvent dans vos pièces, un des acteurs meurt et revient sur scène tout habillé en blanc. Peut-on dire que le sujet de la mort, de la métaphysique vous intéresse? Nous sommes tous préoccupés par la mort et les questions qui tournent autour de cette idée. Mais dans mes œuvres, nous voyons la résurrection de l’esprit, des idées. Les idées ne devraient pas mourir avec ceux qui les ont créées ou véhiculées, bien au contraire, elles devraient survivre. Si dans la pièce, les idées du voisin laïque sont oubliées, le confessionnalisme viendra supplanter l’esprit laïque et c’est dommage.
3- Quel sera le sujet de votre prochaine pièce? Ma prochaine pièce tournera autour du théâtre lui-même, qui joue un rôle important au sein des sociétés. Il est le miroir qui reflète le niveau culturel et de civilisation d’une société. A travers le théâtre, il est possible d’éveiller la conscience collective, en traitant dans un langage simple, des pensées diverses. L’art dramatique a longtemps été considéré comme une catharsis, un moyen de se défouler et de se libérer de ses passions.
4- A votre avis, quel système politique serait le meilleur pour organiser la vie intercommunautaire au Liban? La formation à une pensée laïque. En éduquant nos enfants à l’idée qu’ils font partie d’un tout, à l’instar des cellules dans le corps. Ils ont le devoir de s’ouvrir aux autres, d’aller au fond de leur moi. Eduquer nos enfants à l’amour et à la justice sociale, à une échelle de valeurs. Ce n’est qu’ainsi, qu’on arrivera à assurer le bien-vivre ensemble.
5- De prochains projets pour le cinéma ou la télévision? Je travaille sur un scénario pour le cinéma, qui sera tourné à la fin de l’été «Le chacal». Il est question de l’influence qu’exerce l’environnement sur l’individu. La même personne qui fait du mal ou qui tue aurait pu, si elle s’est retrouvée dans d’autres circonstances, faire de l’art ou être pianiste.
6- Quels sont les critères de base qui déterminent vos choix de sujets pour le théâtre? Des questions, des obsessions qui me tourmentent sur le plan personnel, ou que je partage avec le commun des mortels. Pourquoi? Comment? J’essaie de trouver la meilleure approche pour traiter des sujets précis ou intemporels. Propos recueillis par Rita Saadé.