Joseph F. Khalifé: «Ma musique transcende la condition humaine»

Compositeur et Professeur de musique à la LAU, Lebanese American University, Joseph Khalifé a fait très tôt ses premières armes musicales. Entre piano, solfège, Conservatoire national, musicologie et enseignement, il s’est trouvé académiquement et humainement. Une carrière riche et féconde d’un musicien de cœur, qu’il évoque à Prestige.

 

 

© Archives Joseph Khalifé.

 

 

Votre parcours musical est riche. Qu’est-ce qui vous a attiré au monde de la musique? Depuis mon plus jeune âge, la musique me touchait, sans même comprendre la raison. Elève chez les frères Maristes à Amchit, mon village, je me rappelle, j’avais à peine 6 ans, à chaque fois qu’on avait la messe et que j’entendais l’harmonium, je sentais des émotions et des sensations étranges que je ne comprenais pas. En grandissant, la musique est devenue une évidence pour moi. J’ai découvert que la musique n’était pas seulement l’amour de ma vie, mais aussi mon seul chemin, et destin.

Vous avez reçu une solide formation musicale au Liban et à l’étranger. Donnez-nous un bref aperçu…J’ai commencé mes études de musique à l’âge de 9 ans. Au début, je faisais du piano et puis, j’ai commencé à apprendre le solfège. A cet âge, c’était en guise d’activité parascolaire. Plus tard, j’ai rejoint le Conservatoire national de Beyrouth, et ultérieurement j’ai fait des études de musicologie à l’USEK. La musique m’a donné des ailes, au vrai sens du terme… C’est grâce à elle que j’ai commencé à voyager, pour des master class et des concerts. Mes premiers déplacements en Suisse, aux Etats-Unis et surtout à Rome, sont des moments fondateurs de ma vie de musicien… J’ai enseigné dans des écoles, ce qui n’était pas franchement le plus facile des métiers, et à l’université où je me suis trouvé académiquement et humainement. Aujourd’hui, je suis professeur de musique à la LAU, que je considère comme ma deuxième famille.

Qu’est-ce qui distingue votre style musical? Je veux bien croire que ce qui distingue mon style musical, c’est la sincérité. Je désire que ma réalité, mes pensées et mes valeurs humaines s’expriment dans mon œuvre musicale.

Vous êtes compositeur et Senior Instructor à la LAU. Entre la composition et les cours de musique, quelle branche préférez-vous? L’enseignement et surtout à l’université, est très utile pour un artiste. Cette communication entre les étudiants et l’artiste, donne à ce dernier un élan qui pousse vers la réussite. Vivre avec les jeunes me rend aussi jeune et me donne beaucoup d’ambition. Entre enseignant et compositeur, la rencontre n’est pas évidente, mais elle est très réussie, du moins à mon avis.

Vous composez pour Majida El Roumi, Joumana Medawar et autres. Quelles sont les stars avec qui vous collaborez? J’ai eu l’honneur de composer des chants pour plusieurs vedettes libanaises comme Majida El Roumi, Joumana Medawar, Rima Tawil, Abir Nehme, Simon Obeid, Nabiha Yazbek, Guitta Harb et beaucoup de chorales et de jeunes chanteurs. Stars ou non, ceux qui chantent mes mélodies deviennent partie intégrante de moi-même.

 

 

© Archives Joseph Khalifé.

 

 

Quelles sont les chansons que vous avez composées et qui vous tiennent le plus à cœur? Je suis une personne spirituelle, et mon style de composition l’est aussi. La musique telle que je la vis, est un outil destiné à transcender la condition humaine. Elle émane donc du divin en nous, du spirituel… J’aime que ma musique puisse aider les autres à trouver la paix et la sérénité. Cette musique me ressemble, car j’aime être en paix. Parmi les compositions que j’apprécie, je cite «Erhamni Ya Allah» et «Ya Charbel sa3edna» de Majida, «Halloumi ya jamilati» et «Ya Emmi bil Sama» de Joumana, «Al qabrou faregh» de Abir et plusieurs autres œuvres…

Vous donnez aussi des concerts religieux au Liban et à ­l’étranger. Racontez-nous… Nous donnons presque chaque mois, quatre à six concerts dans des villages et des villes au Liban. Nos voyages sont également fréquents. Les gens qui suivent ma musique connaissent très bien les chants. C’est une source de bonheur pour moi.

De nombreux prix ont jalonné votre carrière. Lequel est le plus cher à votre cœur? J’ai reçu de nombreux prix. Et chaque récompense m’est précieuse. Toutefois, le grand prix et le plus cher à mon cœur, c’est la médaille honorifique du Saint-Père, Sa Sainteté Jean-Paul II et le prix du grand poète libanais Saïd Akl.

Quel souvenir de votre collaboration avec les vedettes aimeriez-vous évoquer? J’aimerais évoquer toute une histoire et une vie d’amitié et de productivité avec la diva Majida El Roumi. Plus de trente-cinq ans de travail sérieux et plus de vingt-cinq œuvres enregistrées… En même temps, je me réjouis des vingt ans d’engagement artistique avec la chanteuse Joumana Medawar, sa voix céleste et nos treize albums ensemble.

Que pensez-vous du niveau culturel et musical des jeunes actuellement? Aujourd’hui, le niveau musical et artistique des jeunes est remarquable par la variété des goûts et des penchants. Il faut toujours respecter leur choix.

Quels conseils leur donneriez-vous? Je conseille aux jeunes d’être sincères avec eux-mêmes et de choisir la musique qui leur parle. Et qu’ils essaient de se cultiver musicalement, de lire, d’écouter et d’apprécier la belle musique.

Quel projet souhaiteriez-vous faire et que vous n’avez pas encore réalisé? J’aime que toutes mes œuvres soient exécutées avec un grand orchestre. Propos recueillis par Mireille Bouabjian

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