Marcel Khalife au Festival International de Baalbeck

Après une longue période d’absence de la Ville du Soleil, Baalbeck, l’artiste Marcel Khalifé y retourne cette année, inaugurant les festivités. Une manifestation qui ramènera le public à la Belle époque et la gloire d’antan du Festival. Impressions de Marcel Khalifé livrées à Prestige.

 

 

Marcel Khalife durant un de ses concerts. © Archives Marcel Khalife.

 

«A Baalbeck, je vous invite à une soirée de musique et de chansons d’amour d’antan.»

 

Le Festival international de Baalbeck éveille en vous des souvenirs d’enfance. Pouvez-vous nous-en parler?

Enfant, j’étais impatient de grandir attendant le passage des années que je subordonnais complètement aux «diktats» de la musique. Je m’impatientais de devenir «grand» pour pouvoir assister au festival rêvé de Baalbeck. De plus, ce lieu mystique paraissait si lointain que je me consolais par un suivi assidu de l’unique station de Radio Libanaise en couverture de l’événement majeur. Puis vint la guerre… et s’éternisa. Avec son lot de morts, elle nous apprenait à aimer plus la vie et à mieux apprécier le temps alloué à la musique, parfois seul fil conducteur en ces temps instables.

Le Festival avait bien entendu été «balayé» durant toutes ces années-là. Je retrouvais mon rêve à l’âge adulte, forçant les portes de sa Citadelle par l’épée de la musique andalouse des temps glorieux perdus. Ensuite, les tourbillons de la vie me prirent vers d’autres cieux et d’autres rencontres.

 

 

© Archives Marcel Khalife.

 

 

 

Il semble qu’à la suite d’une rencontre à l’étranger, vous avez décidé de reprendre le chemin de Baalbeck… 

Effectivement, à New York où mon fils Rami étudiait, j’avais rencontré le pianiste roumain de renommée internationale, György Sandor. Il s’enquit sur Baalbeck et son festival. Il y avait participé au début des années 60 présentant un piano-concert. Avec un accent français prononcé et du poids de ses 90 ans, il se délesta d’un «fardeau» d’émotions évidemment encore vivaces. «Je n’oublierai jamais cette nuit exceptionnelle chargée d’amour et sous cette pleine lune projetant ses reflets sur la captivante Citadelle. Et l’odeur de cette «sfikha», et cet amour dénué dont me comblèrent les gens de tout leur cœur». Il n’avait pas oublié May Arida.  Après cette rencontre, je sentis que le destin me remettait sur le chemin de ma dulcinée. Je me devais de retrouver ma Cité du Soleil. Il fallait recommencer à rêver de musique et d’amour.

 

 

Maestro Lubnan Baalbaki et Marcel Khalife. © Archives Marcel Khalife.

 

 

Cette année, vous inaugurez le Festival International de Baalbeck. Quelles sont vos impressions?

Sous le titre «Tousbihoune 3ala Watan», ce 5 juillet 2019, un essai de renouement est tenté. Je vous invite à une nuit de frivolité et d’imagination musicale. Une nuit où les dieux de Baalbeck devraient nous rejoindre. L’Orchestre Symphonique Libanais, sous la direction de Lubnan Baalbaki lancera la soirée, accompagné de la Chorale de Louaizé, conduite par Khalil Rahmé.  Résultat? De la musique et des chansons au goût d’amour et de passion d’antan. Je vous invite à une nuit où nous oublierons la noirceur de notre actualité avec ses petites politiques. Une nuit où je vous retrouverai pour allumer une lueur qui traversera le temps nous ramenant au temps des rêves plus purs de notre enfance.

 

 

Marcel Khalife avec son Oud. © Archives Marcel Khalife.

 

 

Marcel Khalifé, dit-on, est un artiste révolutionnaire. Qu’en dites-vous?

Rien ne prime ma croyance en la valeur de la liberté. Rien ne me met dans tous mes états que lorsque quelqu’un se permet d’entraver ma liberté. Quelle serait la valeur de l’artiste si les gens le façonnaient selon leurs vues et désirs plutôt que d’estimer son propre apport dans leur vie ? A quel point l’artiste est-il capable de se plier aux désirs de l’audience sans y perdre sa personnalité et même son âme? Suis-je donc un artiste révolutionnaire? Oui… mais le suis-je et rien d’autre? Alors Non. Je veux bien être d’autres choses aussi.

Ma voix est capable d’éruptions frisant la folie tout comme elle peut aussi chuchoter des mots doux ou même s’étouffer complètement à la manière d’un noyé résigné à son sort. La question reste l’attitude de l’artiste envers son public. Pour ma part, je préfère l’intégrité totale de ma personnalité acceptée par un moindre nombre qu’à, une cage dorée acclamée par les masses.

 

Ummi (Ma Mère) est l’une de vos premières chansons à grand succès. Qu’est-ce qui vous a inspiré?

Il n’ya aucun doute que ma mère occupera toujours LA place primordiale. Tous les arguments sont «pour» dans son cas et rien ne vaut la paix que ressent la tête d’un fils sur la poitrine de sa mère et ce, même si des années et des distances les séparent. Une partie majeure du secret de notre existence est détenue par la mère. Elle tient entre ses petites mains les clés de l’immortalité. C’est la seule femme qui pour un homme, ne change jamais. Propos recueillis par Mireille Bouabjian.

 

 

 

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