Sur les pas de Saint-Siméon le Stylite

Prestige N° 127-128, Déc-Janv. 2003-2004

  

…Et sur cette pierre, ils ont construit une église

A 32 km d’Alep. Une montagne. Un lieu de pèlerinage. Qal’at Simaan, la citadelle de Siméon. Le saint y a vécu 42 ans sur un pilier. On l’appellera le Stylite. Son ascèse fascinait. Sa foi mobilisait les foules. A sa mort, on a voulu rendre le plus riche hommage à celui qui avait fait vœu de pauvreté. Autour de ce pilier on a construit une grande église. Partout de Syrie, de Cilicie, de Mésopotamie, on accourut pour prêter main forte aux bâtisseurs. Ils ont édifié une basilique à nulle autre pareille qui inspira la cathédrale de Turin et les magnifiques frises dentelées d’Aya Sofia. Plus de 100.000 visiteurs viennent tous les ans admirer l’abnégation du Saint et la beauté du lieu de culte qui lui a été consacré.

Reportage: Bassam Lahoud

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© Prestige / Bassam Lahoud

 
Au cœur de l’octogone et de la basilique, La colonne de Saint-Siméon, ou ce qui reste de ce pilier de 18 à 20 mètres de haut.
 
 

La grande basilique est achevée vers 492… Les armées arabes s’emparent du monastère vers 635, raconte Michel le Grand. En 965, à l’époque du patriarche d’Antioche Christophore, il devient forteresse à l’instigation des Byzantins. Ceux-ci le restaurent après la chute d’Antioche en 969. Pour se venger des attaques Byzantines au nord de la Syrie, l’émir hamdanide d’Alep Saad ad-dawla ordonne l’assaut sur Qal’at Simaan. Les moines et les réfugiés qu’il abritait sont tués ou emmenés en captivité. Le site aurait été réoccupé par les Byzantins puisqu’il est attaqué à deux reprises en 1017 par l’Armée fatimide. Le monastère tombe en désuétude puis est abandonné au début du XIIIe siècle. Aucune mention n’est faite du monastère durant les Croisades. Et on ne trouve de trace d’habitat sur le site qu’au XVIe siècle quand l’aile orientale de l’église cruciforme sert de fief à un chef kurde. Les ruines ont été dégagées dans les années 30. La basilique révèle alors son histoire et sa splendeur.

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© Prestige / Bassam Lahoud

 
Parmi les disciples de Siméon, Daniel qui entra au monastère à l’âge de 12 ans. Après avoir reçu la bénédiction de Saint-Siméon, il partit pour Constantinople et s’installa sur les rives du Bosphore, au haut d’un… pilier. Il joua un rôle important de conseiller auprès du roi Léon 1er et de Zénon.
  

Précisément quand, par qui, avec quels moyens cette basilique a été construite? Le passé garde son mystère

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© Prestige / Bassam Lahoud

 
L’arc qui fait communiquer la nef centrale et l’octogone n’est pas décoré sur la face «basilique», à la différence des autres arcs des trois bras de la croix: les fidèles ne pouvaient pas se retourner vers l’octogone mais devaient regarder en permanence l’autel placé au centre d’un sanctuaire surélevé de trois marches.
 
 

Et le regard de Qal’at Simaan se porte au loin sur la voie d’Antioche…

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© Prestige / Bassam Lahoud

Une muraille fut construite et à son point le plus haut, on installa une tour, utile pour la transmission de signaux en cas d’attaque. Le monastère était bien devenu une «qal’at», une citadelle…

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© Prestige / Bassam Lahoud

Les arcs de l’octogone central portent des chapiteaux à acanthe. Le fronton du centre repose non sur des piliers cannelés comme les arcs latéraux mais sur des colonnes.  Les chapiteaux corinthiens des arcs sur colonnes présentent une juxtaposition de feuilles naturalistes et géométrisées traitées en aplat.

Ses dentelles de pierre, ses arcs ciselés allaient inspirer les églises d’Occident

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© Prestige / Bassam Lahoud

La basilique dédiée à Saint-Siméon suscita l’admiration de tous les architectes. Des chevets à colonnes furent adoptés dans toute la région, on en retrouve curieusement en Grèce dans une église de Thessalonique. Avec Qal’at Simaan, la sculpture de la pierre, l’architecture traditionnelle changeront radicalement. Les arcs couronnant l’abside de l’église de Turin s’inspirent du décor des grands arcs de l’octogone. L’ornementation feuilles d’acanthe conférait à la sculpture un aspect dentelé que l’on retrouve aussi à la basilique de Sainte-Sophie.

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© Prestige / Bassam Lahoud

Vestiges du monastère. Les moines pouvaient à partir du bâtiment à portique gagner les tribunes de l’église à travers un passage. Les catéchumènes n’entraient pas dans la partie centrale de l’octogone, ils ne faisaient que traverser l’abside, protégés des regards par un rideau. Destinée à respecter la décence, cette coutume se retrouvait en Syrie, en Jordanie à Jerash et à Chypre.

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© Prestige / Bassam Lahoud

Tombe collective.  Accolée à la clôture nord du monastère, une tombe collective à deux niveaux en grande partie taillée dans le roc. Le niveau supérieur comporte sept grands caveaux.

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© Prestige / Bassam Lahoud

Son abside imposante s’ouvrait sur les nefs par un arc triomphal richement décoré surmonté d’une magnifique corniche à denticules. Cas unique en Syrie, elle était flanquée de deux absides latérales, les annexes latérales (diakonicon et martyrium) sont inexistantes. L’unique relique était la colonne au centre de l’octogone.

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© Prestige / Bassam Lahoud

Au sud de l’esplanade, le baptistère, bordé alors par les bâtiments monastiques. Une chapelle côtoyait le baptistère, elle était sans doute réservée à la communion des nouveaux baptisés qui n’avaient plus à se rendre en procession à travers l’esplanade jusqu’à la grande église.

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© Prestige / Bassam Lahoud

Une vue du baptistère.

 
 

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