Prestige N 257-258, Déc.2014-Jan.2015
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Les odeurs sont partout autour de nous. Dans la nature avec l’éclosion des bourgeons, devant la boulangerie, à la cuisine… On aime ou on n’aime pas. Certaines odeurs éveillent les émotions, comme un véritable élixir de joie de vivre, d’autres ont un effet négatif sur l’humeur. Au départ, avant de les utiliser pour séduire, les fragrances étaient des remèdes relaxants.
Ce sont les Pharaons qui ont créé le premier parfum, le Kyphi, doté de vertus multiples. Son odeur suave détendait, paraît-il, de manière lente et douce et délivrait des soucis quotidiens sans les inconvénients de l’ivresse. Plus tard Napoléon Ier utilisait chaque jour une bouteille d’Eau de Cologne pour entretenir son exceptionnel tonus. A Sainte-Hélène, son fidèle mamelouk Ali, réussit, avec des ingrédients trouvés sur place, à reconstituer la lotion indispensable à l’empereur. Et sous le Second Empire, cette magique Eau de Cologne calmait les migraines de l’impératrice Eugénie! C’est ainsi que les aïeuls ont traversé les siècles bardés d’arômes salvateurs, tels les boules de senteurs, les gants parfumés, les pommades odorantes… Les parfums ont joué un grand rôle dans la santé jusqu’au XIXe siècle où les parfums font une entrée fracassante au Japon. En rentrant dans leurs bureaux le matin, les employés ont senti des arômes citronnés aux vertus dynamisantes et l’après-midi une senteur florale qui favorise la concentration, et, en fin de journée, un parfum de sous-bois, fort relaxant! Cela dit, une même odeur peut provoquer chez deux individus des réactions différentes.
Les parfums commencent alors à investir le bien-être. Ils sont troublants, voluptueux, provocants, capiteux. A chacun son goût. Certains aiment le parfum frais et floral, d’autres le préfèrent délicat et classique, épicé… Les senteurs affectent fortement la pensée, les battements du cœur, l’hypertension. Notons que la puissance du parfum dépend de sa concentration en huiles essentielles. L’Eau de Toilette est en général plus forte que le parfum, son but est de rafraîchir. Son parfum disparaît la plupart du temps en trois heures alors que le parfum est plus fin mais dure plus de 24 heures. Il faut un minimum de quelques années pour élaborer un parfum qui pourrait contenir jusqu’à 300 ingrédients, lesquels restent le plus souvent secrets pour ne pas être copiés. Vers 1920, William Poucher, imaginant une pyramide, a créé une méthode de décrire la fragrance en utilisant des notes comme mesure du taux d’évaporation des ingrédients du parfum et en les classant sur une échelle de 100, la plus rapide étant la plus proche du sommet de la pyramide. C’est la note de tête qui crée la première rencontre avec le parfum. C’est la plus volatile. Puis la note de cœur qui commence à se développer alors que l’arôme interagit avec la peau. Elle dure plusieurs heures. La note de base est celle qui provient des composants du parfum et commence à sortir, révélant la véritable personnalité de la fragrance. Cette note persiste jusqu’à des mois sur un vêtement.
C’est en 1709 que Jean-Marie Farina fonde, dans sa ville natale, Cologne, en Allemagne, la plus ancienne maison de parfum. Il sort son premier parfum, Eau de Cologne, en 1719. En 1828, Pierre-François Guerlain ouvre sa première parfumerie à Paris, il devient vite le fournisseur de Napoléon III. Puis poussent année après année les parfumeries pour englober la planète: Jicky de Guerlain en 1889, Chypre de François Coty en 1917, Chanel No 5 en 1921, Joy de Jean Patou en 1930, L’Air du Temps de Nina Ricci en 1948, Diorissimo de Christian Dior en 1956… et la chaîne continue.
Les grands parfumeurs ont convenu à l’unanimité de classer les parfums en sept grandes familles olfactives.
- Les boisés. Ces parfums sont créés à base de vétiver, de cèdre, de santal, des notes boisées.
- Les orientaux, appelés aussi les ambrés. Ils sont réalisés dans un mélange de vanille, de résines et de notes de bois ou d’épices ou même de fleurs. Au départ, c’est François Coty qui, en 1908, a créé cette grande famille olfactive, pour homme et femme.
- Les floraux. Elaborés à partir de senteurs florales, ces parfums sont parfois fondés sur une seule fleur, citons le Muguet de Caron.
- Les hespéridés. Ils sont nés de zestes d’agrumes et constituent la dominante des Eaux de Cologne.
- Les fougères. Ces parfums sont un mélange de lavande, vétiver, géranium, mousse de chêne, et sont le plus souvent destinés aux hommes.
- Les chyprés. Ils sont préparés suite à la création, en 1917, du parfum Chypre par François Coty.
- Les cuirs. Des créations olfactives qui rappellent certes l’odeur du cuir tanné.
