Prestige a rencontré Ely Dagher pour nous parler de son film Waves 98, qui a gagné la palme d’Or au Festival de Cannes 2015, dans la catégorie court métrage.
Portrait d’Ely Dagher. © Ely Dagher
Pouvez-vous nous dire brièvement qui est Ely Dagher et qu’est ce qui vous a décidé à étudier l’animation?
J’ai fait un an d’animation à l’Alba, à la base j’ai une licence en illustration et dessin de l’alba. Au tout départ, je voulais faire de la biologie, puisque j’étais très fort en biologie à l’école et je voulais poursuivre ça, et en même temps je voulais faire de la réalisation aussi. J’ai étudié dans le domaine artistique parce que j’aimais le dessin et c’est en dernière minute que je me suis inscrit à l’Alba préférant cette option à l’option scientifique.
Vous avez reçu plusieurs prix dans votre pays et en Europe pour de courts métrages, qu’est ce que ça fait d’obtenir la palme d’or dans la catégorie des courts métrages à l’un des plus importants festivals du film?
C’est très gratifiant pour tout le travail que j’ai fait pendant presque deux ans sur le film. C’est motivant parce que je voudrais faire plus de films, peut-être un long métrage. Dans mon travail, c’est toujours des histoires personnelles en rapport avec ma vie.
Affiche du film Waves 98. © Ely Dagher
On peut dire que dans votre adolescence vous n’étiez pas très adapté à votre environnement, qu’il y avait un peu d’ennui dans votre vie?
C’est pas vraiment de l’ennui, mais je n’ai jamais été d’accord avec les choses négatives qui se déroulent dans le pays. Pourquoi on n’essaie pas de changer les choses, pourquoi est-ce qu’on détruit les anciennes maisons pour construire des tours. Pourquoi ne peut-on pas avoir un accès à la plage? Le côté rebelle c’était ne pas accepter ces choses que les gens acceptent en général.
Quand le héros du film a rencontré des amis, quand il est allé dans cette machine avec des gens de son âge, il a changé, il était mieux, alors que quand il était seul avec ses parents il s’ennuyait?
La vie dans ce monde un peu parallèle, avec les autres gens qu’il découvre est un peu inspirée de mon expérience personnelle, quand j’avais 16-17 ans, j’ai grandi en dehors de Beyrouth, mais à 5 minutes de la ville, je suis de Zalka, et à l’époque dans les années 90 on n’allait pas à Beyrouth, puisque c’était encore en ruines, je ne connaissais pas trop la ville, ce n’est qu’à l’âge de 16-17 ans que j’ai découvert la ville. Je me suis fait des amis de Beyrouth et j’ai découvert ce monde.
Votre film décrit-il l’interaction des adolescents avec leur environnement, et comment le fait de rencontrer un environnement différent du nôtre peut être déstabilisant à une certaine période?
La plus grande description c’est plutôt l’angoisse que les gens ont avec la question de savoir s’ils restent là, s’ils quittent, c’est aussi l’angoisse des gens qui aimeraient rester au Liban mais qui quittent pour des raisons professionnelles.
Omar, le héros de Waves 98. © Ely Dagher
Ce film est – il une expression d’amour pour votre pays?
Oui. Si je critique c’est pour améliorer les choses. Dans le film il y a deux narrations, il y a la narration des années 90, optimiste quand j’ai découvert la ville, et tous les gens à l’époque avaient de l’optimisme, et il y a un point de vue moins optimiste qui est le point de vue d’aujourd’hui, les gens tendus, la situation un peu tendue, je voulais mettre ces deux choses en parallèle dès le début.
Quels sont vos projets après cette importante reconnaissance?
J’ai deux projets en tête que j’essaie d’écrire mais c’est encore très tôt d’en parler. J’essaie de ne pas me limiter en mettant des médiums définis. J’écris l’histoire et j’essaie de voir qu’est ce qui correspond le mieux à l’histoire. C’est la technique qui suit le contenu, comme dans Waves 98. Propos recueillis par Rita Saadé.