Prestige N° 264-265, Juillet-Août 2015
Le ministre Abdel Mouttaleb Al Hennawi et Laura Moarbes. © Archives Laura Moarbes
«Le patinage artistique est un sport et un art passionnants»
De toutes les disciplines artistiques au Liban, Laura Moarbes a choisi celle qu’elle chérissait le plus, bien qu’elle fût la moins commune, à savoir le patinage artistique. Animée d’une passion très forte pour ce sport, et suite à la fermeture des pistes au Liban, elle a été contrainte de voyager plusieurs fois à l’étranger pour suivre un entraînement intensif en vue d’une participation aux tournois internationaux et d’une victoire réjouissante. A la question de savoir les raisons du peu d’enthousiasme témoigné pour ce sport au Liban et les moyens susceptibles de le développer, la patineuse et l’orthophoniste, Laura Moarbes, répond à Prestige.
Comment est née votre passion pour le patinage artistique? Je regardais un film de patinage et dès les premières secondes, j’ai senti que c’était ce que je voulais. J’ai tout de suite révélé mon intention à mes parents et je me suis abonnée aux cours d’Ice Skating Arena, à Zouk Mosbeh. Je rêvais tout le temps de ce grand moment de victoire, m’imaginant en train de patiner sur les belles musiques.
Que faisiez-vous pour vous entraîner? Le club offrait des cours deux fois par semaine, entre danse, patinage et entraînement hors glace, mais bien sûr ça ne me suffisait pas. J’allais alors chaque jour, même le dimanche, m’entraîner seule pendant des heures. Je me souviens encore que je lisais beaucoup de livres sur le patinage, je regardais des films et j’apprenais ainsi les différentes figures tantôt toute seule, tantôt à travers le cours. J’ai été dispensée alors de plusieurs niveaux, passant rapidement d’une classe à une autre, jusqu’au jour où ils ont fermé la piste.
Avez-vous participé à des compétitions au Liban? Oui, mais il n’y avait pas de prix. C’était plutôt comme un examen, avec des scores pour pouvoir passer à un niveau supérieur. J’ai été la première dans mes classes de patinage et de danse.
Et à l’étranger? J’ai participé tout récemment à ma première compétition à l’étranger, le «Skate Berlin Adults» à Berlin, où j’ai gagné la première place en «Artistic Skating» et la seconde place en «Free Skating».
Laura Moarbes entre les coaches Constanze Paulinus et Bram Van Meggelen. © Archives Laura Moarbes
A votre avis, pourquoi le patinage fait-il défaut au Liban? Tout d’abord parce que c’est un sport récent et quand il fut introduit quinze ans plus tôt, c’était tout nouveau au Liban, mais dès qu’il est devenu plus connu, la piste a été fermée. Les Libanais ne sont donc pas tellement familiers avec ce genre de sport, «quelque chose» qu’on voit seulement à la télé.
Quelles solutions préconisez-vous pour développer cette discipline? La solution la plus importante, c’est d’avoir une piste de patinage au Liban pour pouvoir pratiquer ce sport. Puis de fonder une fédération de patinage, pour rentrer en contact avec d’autres pays, participer à des compétitions diverses et bien sûr organiser des spectacles au Liban où les gens pourront assister et connaître ce sport qui est à la fois un art passionnant. C’est ainsi que des talents seraient découverts et développés au fur et à mesure, car je suis sûre qu’il y a beaucoup de personnes au Liban qui aimeraient pratiquer ce sport.
Il semble que vous préparez aussi un diplôme d’Orthophonie…J’obtiendrai le mois prochain mon diplôme d’Orthophonie, un métier que j’adore aussi. J’étais toujours concentrée sur mes études et sur mes entraînements de patinage. Raison pour laquelle je n’ai pas eu vraiment le temps de développer davantage ce talent, ni de participer à d’autres compétitions. A présent je peux enfin réaliser mon rêve, d’être une orthophoniste compétente d’une part, et une patineuse artistique d’autre part. Propos recueillis par M.B.