Escapade en Laponie Suédoise

Prestige N° 269-270, Déc. 2015-Jan. 2016

Reportage et photos: Delphine Gebran Markarian

Qui n’a jamais voulu savoir d’où venait le Père Noël? Chaque année, à l’approche de la fête, petits et grands rêvent de ce personnage, chacun à sa manière, et à la hauteur de ses espoirs. Il viendrait, selon la légende, de la Laponie, la région la plus septentrionale de l’Europe, au nord du cercle polaire, du village qui porte son nom. Malgré le climat rigoureux qui y règne, Guy et Delphine Markarian ont fait une escapade d’une semaine au territoire lapon et à son petit village Kiruna… Carnet de voyage et impressions de nos voyageurs téméraires qui partagent avec Prestige leur aventure au-dessus du cercle polaire arctique, à la recherche des aurores boréales et à la rencontre du peuple sami.

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A la rencontre de la culture samie. En arrière plan, un Lavvu, tente traditionnelle. © Archives Delphine Gebran Markarian

La Laponie n’est pas un pays délimité de façon stricte, elle est plutôt partagée entre la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie. De Paris, notre voyage était à destination de Kiruna, en Laponie suédoise, une ville de quelque 20.000 habitants. Le pilote nous annonce que nous sommes à 68o de latitude nord au-dessus du cercle polaire. Nous survolons un superbe paysage blanc tacheté d’ombres brunes en mouvement. Mais ce n’est qu’en apercevant un troupeau de rennes qui court en liberté, que je réalise que nous ne sommes plus au-dessus des nuages mais de la Laponie, au nord de la Suède. L’atterrissage a lieu sur un beau tapis blanc. Il fait -30oC. On entend le grincement des roues de nos valises sur la neige dure comme de l’asphalte. En hiver la température ne dépasse pas 0oC pour fondre et geler. Nous traversons de petites ruelles calmes entre des maisonnettes aux fenêtres bien décorées par des guirlandes lumineuses; on se croirait au village du Père Noël.

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Kiruna n’est qu’un tapis blanc, vue du ciel. © Archives Delphine Gebran Markarian

Kiruna

Le petit village de Kiruna, «la perdrix blanche» de 15.92km2, né au début du XXe siècle, est une zone d’exploitation des mines de fer mise en service en 1899. Mis à part les rares Samis éleveurs, pêcheurs et chasseurs, Kiruna était alors quasiment vide d’hommes. L’exploitation du gisement d’une qualité et d’une concentration exceptionnelles, 60% de teneur du minerai de fer, a donné vie en 1903 à une voie ferrée et à la route du fer. C’est la plus grande mine du monde. A ciel ouvert jusqu’en 1965, la mine est devenue par la suite souterraine. Depuis 2004, les autorités sont devant un dilemme. Si l’exploitation de la mine se poursuit, elle entraînera l’effondrement de la ville. Dans le cas contraire, c’est l’économie de la ville qui s’effondrera, celle-ci dépendant presque entièrement de l’activité minière. En 2009, une décision a été prise pour déplacer la ville 5km vers le nord-ouest avec la voie ferrée, l’autoroute, les réseaux d’électricité et de canalisations. Vu l’ampleur de la tâche, le chantier se poursuit jusqu’en 2099.

«Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, essayez la routine, elle est mortelle.» Paolo Coelho

Activités et découvertes

Arrivés à l’hôtel, nous nous dirigeons vers notre chalet baignant en pleine nature. Un intérieur moderne en bois scandinave clair, et des meubles aux lignes épurées. Un grand tableau d’une forêt habillée de blanc se dessine à travers la fenêtre. Nous avons hâte de sortir, malgré le froid, pour faire les réservations des activités de la semaine. Nous avions le choix entre raquette, ski de fond, snowmobile, ice fishing, reindeersled… Nous optons pour l’une des principales activités de la région, la balade en traîneaux tirés par des chiens. A peine arrivés au kennel, nous sommes accueillis par une vingtaine de huskies très excités de parcourir des kilomètres. Et nous voilà emportés à une grande vitesse en pleine forêt entre les branches saupoudrées de neige, pour atteindre de vastes espaces vierges, aux horizons illimités. Un panorama superbe, à couper le souffle, se déploie autour de nous, sous le soleil du matin. Une balade dans le vide, le calme de la nature, entrecoupée par le halètement des chiens. En fin de journée, une pause bien méritée nous réunit dans un Lavvu (la tente samie) préparée par un couple sami, autour d’un bon plat de rennes, une viande très tendre accompagnée d’une purée de pomme de terre et d’une sauce aux framboises. Les Samis ou les Lapons sont le plus grand groupe d’indigènes en Europe qui vit de l’élevage des rennes. Vous aurez la chance de découvrir ce peuple et sa culture, et d’apprendre à conduire un sled tiré par les rennes, une activité très amusante.

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Le peuple Sami vit de l’élevage des rennes. © Archives Delphine Gebran Markarian

Les Aurores boréales

Tous les soirs, nous consultons la météo dans l’espoir et le rêve d’assister à un spectacle magique, «les aurores boréales», une bonne bouteille à la main pour rester au chaud. Loin des lumières, en pleine nature à ciel ouvert à 3 heures du matin, nous assistons pour la première fois à ce phénomène qui donne la chair de poule. Le ciel s’enveloppe d’un voile de couleurs étranges qui danse dans le ciel. Le plus beau spectacle de lumière que la nature puisse nous offrir!

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Delphine, Guy et les spectaculaires aurores boréales. © Archives Delphine Gebran Markarian

L’Hôtel de glace

Notre séjour arrive à sa fin, nous décidons de passer une nuit unique dans un hôtel temporaire qui ouvre ses portes de décembre à la mi-avril, où sa structure commence à fondre. C’est l’Ice  Hotel, l’hôtel de glace, composé de 1000 tonnes de glace et de 30.000 tonnes de snice (ou snow-ice, un genre d’eau gelée ayant les caractéristiques de la glace mais l’apparence de la neige)… Une œuvre d’art de 6000m2 réalisée par une centaine d’artistes et d’architectes. A la tombée de la nuit, après une soirée en musique à l’IceBar, nous rejoignons notre chambre, un édifice éphémère dans cet énorme palais de glace, une architecture aux détails exceptionnels, un intérieur magique. Un sac de couchage recouvert d’une peau de rennes est mis à notre disposition pour passer une nuit bien au chaud.

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L’Ice Hotel, hôtel éphémère reconstruit chaque année, ouvre ses portes de décembre à la mi-avril. Chaque pièce de ces 6000m2 est sculptée dans la glace. © Archives Delphine Gebran Markarian.

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Copyright: Archives Delphine Gebran Markarian.

 

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Paulina Nemcova

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