Prestige N 287-288, Dec. 2017-Jan. 2018
«Le thème Rêve, Terre et Feu résume la vie»
Mariant à merveille la plume au pinceau, l’artiste peintre Joumana Haswany dévoile dans son premier recueil De Rêve, de Terre et de Feu, des talents de style plurilingue.
Comment est née l’idée de l’ouvrage? L’idée résidait dans mon inconscient depuis bien longtemps. Il fallait documenter les toiles puisque mon travail suit un seul et unique thème: Rêve, Terre et Feu. C’était aussi dû au besoin incessant de chercher et de se rechercher continuellement. Le procédé d’exprimer ses émotions et de s’extérioriser à travers l’art est le même quel que soit cet art. Le «mécanisme» est le même.
Avez-vous compilé toutes vos œuvres dans ce livre? Non, pas toutes mes œuvres. J’ai compilé les œuvres qui portent sur le sujet du village Des Cèdres; le sous-titre de mon livre. La nature là-haut est un élément constituant essentiel de mon être. J’en ai fait l’écho de ma vie et la source de mon inspiration à travers mon pinceau.
S’agit-il d’une biographie racontée à travers le pinceau? Quand on peint, l’âme se libère du corps et l’on devient transparent; on se confie librement, on s’épanche sans retenue, on s’abandonne. Un premier livre aussi est souvent une forme dissimulée de la biographie de son auteur.
Pourquoi avez-vous choisi ce titre? C’est un thème qui résume la vie. Tout commence avec un Rêve et, pour le concrétiser, vient la Terre; résistance et dur labeur. Et le tout a besoin d’un carburant, d’où le Feu, ou la passion. Ce sont les éléments essentiels nourrissant la vie par la vie. Un équilibre et une élévation. A mon actif figure une liste d’expositions individuelles et collectives au Liban et à l’étranger qui portent toutes le même titre.
La Vallée de Qadisha est omniprésente dans vos œuvres… La maison dans laquelle j’ai vu le jour donne sur la Vallée Sainte, la Vallée de Qadisha. Cette vallée évoque en moi les sentiments les plus intenses qui se traduisent en une énergie lumineuse. L’histoire de cette Vallée est tout aussi riche. Elle nous a légué un héritage religieux et culturel enraciné dans l’inconscient collectif.
Que représente l’homme aux yeux bleus? Il incarne les gens de la région. Un visage qui donne l’impression d’une personnalité dure et en même temps reflète une beauté du cœur qui est précieuse et qui charme l’âme. Une impression douce mais violente, simple mais astucieuse et défiante.
Que ressentez-vous en faisant votre auto-portrait? Exactement ce que je ressens en peignant un paysage ou alors un portrait. Je me retrouve dans un arbre, une vallée, une montagne ou alors dans un autre personnage. Parfois, à force de regarder et d’examiner une toile, je perds ma subjectivité et mon objectivité simultanément. Je pose la toile devant un miroir, et je la regarde sous cet autre angle. Et c’est à ce moment-là que je la décortique réellement. C’est le cas des auto-portraits.
Le bleu et le jaune habillent les enfants et la toile. Quel en est le lien? En toute sincérité je vous assure que certaines décisions ne sont pas réfléchies. Je les prends parce que pour moi ça sonne juste, ça me satisfait, ça rime avec mon état d’âme. Et si je vais essayer de m’analyser dans cette toile, je dirais peut-être parce que je suis mère et en même temps enfant de cette terre.
Votre style est empreint de poésie, de philosophie et d’optimisme… Ce livre étreint mes pensées, mon cœur et mille couleurs. J’ai laissé les émotions et les sentiments guider ma main. Les ajustements sont venus ultérieurement. Un travail mathématique au niveau vertical et horizontal a pris place. Mon livre est écrit en trois langues et en une quatrième qui est celle de mes toiles. Schématiquement parlant, en face de chaque toile j’ai écrit en anglais, en français et en arabe. J’ai fait en sorte que l’expression en l’une des langues soit philosophique, la seconde poétique et la troisième légère, inspirée de tous les jours, parfois drôle. C’est un peu le style «tranches de vie». Quant à l’optimisme, il existe avec force et conviction.
Feriez-vous une seconde expérience du genre? Le Rêve, la Terre et le Feu sont les profondeurs de l’âme, du corps et de l’esprit. C’est un tout indivisible. Un livre où l’élément «Feu» domine, «l’esprit» prend le dessus. Un second livre est en cours où la «Terre» s’impose et un troisième où le «Rêve» prime. Je profite de l’occasion pour remercier mon éditeur Antoine et Noise Sarl. Je tiens également à remercier ma grande amie Claudine Aoun Roukoz pour sa préface, son soutien inconditionnel et continu et son patronage de la signature de mon livre au Salon du Livre au Biel. Propos recueillis par MIREILE BOUABJIAN