Journaliste Libano-Américaine à l’international, Raghida Dergham est une spécialiste de la communication et la fondatrice de Beirut Institute, un institut de réflexion dédié à la région arabe. Il vise à façonner le débat entre les leaders arabes et la jeunesse, pour ouvrir la région aux décideurs internationaux et à la réflexion stratégique. Avec deux sommets organisés en 2015 et 2018 à Abu Dhabi, nous avons souhaité que Mme Dergham nous parle des problèmes discutés lors de ces sommets et des solutions présentées.
Parlez-nous des sommets organisés par Beirut Institute… En octobre 2015, la ville d’Abu Dhabi a accueilli le 1er sommet organisé par Beirut Institute intitulé: «Reconfigurer la région arabe et son espace global au-delà des politiques économiques et des menaces sécuritaires.» Le sommet s’est déroulé en présence de 250 dirigeants mondiaux, de dignitaires et d’experts en politiques publiques des Emirats arabes unis, de la région arabe, des États-Unis, d’Europe, de Russie, de Chine, d’Amérique du Sud et d’Afrique. Nous avons promis d’organiser un sommet dynamique et avant-gardiste qui permettrait d’aborder et de trouver des solutions aux problèmes liés à la sécurité et à la stabilité de la région. Et c’est ce que nous avons fait. Nous avons ouvert le dialogue sur le changement, présenté des recommandations et des solutions viables aux décideurs, et encouragé la coopération et l’unité. Nous avons discuté de l’importance d’éduquer nos jeunes et de leur donner les compétences nécessaires pour adopter un avenir en évolution constante. Nous avons entendu des points de vue personnels sur le potentiel des villes intelligentes et sur la meilleure façon de promouvoir une véritable région arabe numérique. Les experts avaient des opinions divergentes sur la manière d’instaurer la paix et la sécurité, pour aider à réaliser le potentiel économique de la région – recourir à la force militaire ou aux efforts politiques – et réclamer une légitimité accrue, une bonne gouvernance et une coopération régionale à l’échelle du CCG. Nous avons discuté de la culture populaire et de la façon dont le cinéma peut contrer les influences régionales négatives telles qu’ISIS. Les 12 et 13 mai 2018, nous avons tenu le Beirut Institute Summit Edition II à Abu Dhabi. Le thème de cette année était: «Construire l’engagement de la région arabe dans l’avenir mondial émergent.» Une conversation sans précédent a eu lieu entre deux secrétaires généraux actuels et deux anciens secrétaires du CCG et de la Ligue des États arabes sur les responsabilités régionales dans l’adhésion à l’avenir mondial émergent. Des ministres actuels et anciens ministres ont pris la parole pour explorer les modes de développement dans la région, des réformes sans précédent aux défis géopolitiques en cours, qui ont changé les impératifs stratégiques. Les femmes dirigeantes ont présenté leurs dispositions de base avec des messages d’une minute concernant ce qui est spécifiquement requis, tandis que les jeunes hommes et femmes ont donné leur point de vue sur la façon dont la technologie peut remodeler l’avenir de la région. Avec des experts des États-Unis et de la Russie, ainsi que des Nations Unies, nous avons discuté de la nouvelle dynamique américano-russe au Moyen-Orient et des intentions réelles de la Russie vis-à-vis de la région. Les experts mondiaux ont discuté de la manière dont l’ordre régional évoluera au cours des 15 prochaines années, et des opportunités politiques, pour créer un ordre régional et mondial résilient. Des personnalités des États-Unis, de Chine, de Russie, de France, du Royaume-Uni, du CCG, de Libye, du Liban, de Syrie, du Yémen, du Soudan, de Palestine et d’Irak ont exploré le nouveau contrat conclu entre les gouvernements et les populations. Quel rôle la privatisation peut et doit jouer? Quel sera l’héritage de la future génération? Tel est le genre de débats que nous avons menés aux sommets de Beirut Institute. Dans l’espoir qu’il organisera bientôt d’autres éditions.