Prestige N 290, juin 2018
Détentrice d’un master en architecture d’intérieur, l’artiste joaillière Paola Sleiman a suivi la voie de son cœur, en décrochant un master en jewelry design de Florence. Début d’un grand rêve concrétisé à Beyrouth, sa ville muse. Ses collections et ses nouveautés témoignent d’une véritable passion et d’un talent hors pair. Focus avec Prestige.
Vous avez lancé une collection pour l’été. Ma nouvelle collection Tropical Summer est une ligne fun et délicate, qui représente l’esprit estival dans toute sa fraîcheur. Des motifs tropicaux et des pierres semi-précieuses viennent rafraîchir l’or, et des éléments textiles rapportent la touche d’originalité. Elle est conçue pour être portée au quotidien et convient à tous les âges.
Comment êtes-vous venue à la bijouterie? J’y ai toujours été sensible. Enfant, je créais des bijoux avec des perles de bois et de plastique. Adolescente, j’ai découvert les pierres semi-précieuses et leurs propriétés énergétiques. Cela a commencé avec une bague en argent que ma mère m’a offert, avec un jade magnifiquement taillé. Durant mes études d’architecture, je me suis intéressée aux bijoux design et d’architecte. Là, je me suis découvert une véritable passion!
Votre parcours. Après mon master en architecture d’intérieur, j’ai travaillé dans une boîte mais ce côté rigide de la vie d’entreprise m’étouffait. Je me suis alors consacrée à notre boutique hôtel familial, puis j’ai entamé des recherches de master en «jewelry design» et je me suis retrouvée à Florence, réalisant mon rêve, ayant enfin trouvé ma voie! Je suis rentrée à Beyrouth il y a un an, où j’ai fondé ma marque.
«Ma nouvelle collection convient à tous les âges»
Votre source d’inspiration? Je suis sensible aux villes, à leur urbanisme, leur architecture mais aussi à l’énergie qu’elles dégagent. Je suis française de mère, mais le fait d’être née et élevée à Istanbul est un facteur important de mon identité. Puis l’Italie, où j’ai vécu le temps de mon master, m’a profondément marquée.
Comment contrer la concurrence? Cela fait partie du jeu! La concurrence peut devenir une source de motivation, et l’imitation, inévitable, peut être aussi flatteuse qu’un bon compliment!
Que vous inspire le Liban? Quand nous avons déménagé il y a dix ans, j’ai voulu découvrir l’ancien Beyrouth que je n’ai jamais connu. J’ai pris la dose d’une vie en un temps record! Une partie ignorée de mon identité que je découvrais. C’est pour rendre hommage à cette ville que ma première collection est baptisée «Mashrabiya». Et ce n’est qu’un début! Beyrouth sera encore à l’honneur dans mes futures créations.
Des projets? J’ai rencontré le grand public à la Beirut Designers Week, où j’ai présenté ma collection d’été. Une première expérience très positive. Mes collections seront bientôt présentes dans deux concept stores de Beyrouth. Une ligne de haute joaillerie et une ligne pour hommes figurent dans mes projets. Une collaboration avec un designer mode ou industrie serait aussi très enrichissante.
Les créations qui attirent? Tout ce qui est identitaire ainsi que les chaînes d’or superposables, colliers et bracelets en matériaux mixtes et motifs en or, bagues multiples que l’on porte en mix and match.
La clé du succès? Passion et persévérance! Si aimer ce que l’on fait est primordial, il faut savoir aussi ne rien lâcher, car le succès ne vient pas toujours du jour au lendemain! Propos recueillis par MIREILLE BRIDI BOUABJIAN