Prestige N 292, Oct-Nov 2018
Axée sur la technologie et le développement, IWC Schaffhausen, la manufacture horlogère suisse produit depuis 1868 des garde-temps d’une valeur inestimable. La marque s’est forgé une réputation internationale grâce à sa passion pour les solutions innovantes et son ingéniosité technique. IWC, l’une des plus grandes marques mondiales dans le segment des montres de luxe, conçoit des chefs-d’œuvre de Haute Horlogerie de qualité supérieure, alliant une précision extrême à un design exclusif. Pour célébrer cette année son 150e anniversaire, IWC Schaffhausen a lancé cette année une collection composée de 28 montres en édition limitée des lignes Portugieser, Portofino, Pilot’s et Da Vinci, avec une montre spéciale en hommage à Pallweber.
Cette année marque le 150e anniversaire d’IWC. L’histoire d’IWC est liée à un esprit d’entreprise et une idée entrepreneuriale audacieuse. En 1868, l’horloger américain Florentine Ariosto Jones a fondé l’International Watch Company à Schaffhausen. Secondé par des professionnels suisses hautement qualifiés, technologie de pointe et par l’énergie hydraulique du Rhin, son objectif était de produire des mouvements de qualité supérieure pour des montres de poche destinées au marché américain. Durant l’été 1884, IWC inaugure l’ère numérique, et les premières montres de poche à chiffres sautants sortent des ateliers. Axées sur le mouvement mis au point par Josef Pallweber, un horloger basé à Salzbourg, les montresaffichaient les heures et les minutes en gros chiffres sur des disques rotatifs. Fasciné par cette approche moderne de l’affichage de l’heure, Johannes Rauschenbach Schenk, à la tête d’IWC à l’époque a obtenu les brevets pour les montres de poche. Cependant, les disques d’affichage puisant leur capacité de rotation des rouages dentés, la réserve de marche des montres de poche Pallweber s’est avérée relativement limitée.
Comment voyez-vous l’évolution d’IWC depuis le début de votre collaboration? Ma relation avec IWC a commencé il y a 23 ans, lorsque je suis arrivé en Suisse. Dès que j’ai vu leurs montres, je suis tombé amoureux de la marque. En 2009, j’ai commencé à travailler pour IWC dans la chaîne d’approvisionnement en achetant des composants pour les mouvements. A l’époque le défi consistait à augmenter les quantités. Notre stratégie était centrée surla fabrication de mouvements et nous avons dû augmenter la production de 10 000 à 30 000-40 000 mouvements. Aujourd’hui, nous en fabriquons environ 35 000 et j’ai contribué à l’augmentation de la production à travers l’achat de grandes quantités pour la chaîne d’approvisionnement. Aujourd’hui le marché est plus rapide et IWC a évolué dans ce sens, les gens changent d’avis plus rapidement sous l’emprise des réseaux sociaux, qui influencent les goûts et les tendances.
«Mon travail est de concrétiser le rêve au poignet»
Pensez-vous vraiment que les réseaux sociaux sont susceptibles d’influencer une décision d’achat de montres? Une grande partie des collectionneursécrivent sur la marque et 70% des décisions d’achat sont prises via Internet ou les médias sociaux. La question est de savoir comment ou qui influence et dans quelle direction? Je pense que le luxe est devenu très tendance et je trouve cela un peu contradictoire, parce que le luxe a un lien avec l’histoire, alors que les tendances sont définies et disparaissent très rapidement. Il est très difficile de lire le marché, et comprendre les attentes des gens est un nouveau défi.
Pouvez-vous nous parler de la collection Jubilee? Normalement, IWC dévoile des références dans une gamme de produits. Pour notre 150e anniversaire, nous présentons 30 références. Cette année, les nouveautés concernent quatre gammes de produits: Portugieser, Portofino, Da Vinci et Pilot’s. Des 30 références, quatre sont entièrement nouvelles et ne peuvent être attribuées à aucune des gammes de produits IWC. Ces références ont un tout nouveau design de boîtier et de couronne ainsi qu’un affichage numérique des heures et des minutes. Elles sont un hommage à la complication de Pallweber. L’une d’elles est aussi une montre de poche. Ces 30 références ont un élément de design unificateur, ce qui est également très intéressant. Elles ont toutes des cadrans laqués nécessitant une dizaine de couches de laque pour obtenir l’aspect émaillé des années 20. Les cadrans blancs ont des chiffres noirs et des aiguilles bleues et les cadrans bleus des chiffres blancs et des aiguilles argentées. La deuxième caractéristique commune est le boîtier poli. Les montres classiques comme la Portugieser, la Portofino et la Da Vinci sont déjà polies, mais si vous regardez celles du Pilot, elles sont normalement sablées ou rectifiées pour leur donner un aspect sportif.Toutefois pour cette édition, elles ont un boîtier poli qui leur donne un look chic. Toutes les montres sont équipées de bracelets en alligator noir et portent le sceau des 150 ans gravé dans le boîtier, le rotor oscillant ou en médaillon sur le mouvement.
Est-ce une façon pour vous de différencier une Portugieser de la collection 150e anniversaire d’une autre Portugieser? Exactement. Dans la collection Jubilee, les numéros et index sont imprimés.Cette caractéristique est tirée des premières montres fabriquées par IWC. Nous avons également beaucoup de nouveaux mouvements: le calibre 82200, un mouvement automatique avec 60 heures de réserve de marche, introduit dans le modèle Da Vinci. Notre nouveau calibre 69000 est intégré au chronographe Portugieser, une montre emblématique. Un autre nouveau mouvement est le calendrier perpétuel avec tourbillon à midi. Un fait aussi spécial dans la collection : tous les modèles sont proposés en édition limitée.
Quel est votre modèle préféré dans la collection Jubilee? Je suis personnellement amoureux du calendrier annuel Big Pilot, qui dispose d’une réserve de marche de sept jours et dont la date ne doit être changée qu’une fois par an. Il est à la fois classique et sportif. Diriez-vous que l’hommage à Pallweber est le clou de la collection Jubilee, en raison de son esthétique totalement nouvelle, de son nouveau mouvement? Nous avons un nouveau bracelet, un nouveau design de boîtier, un nouveau mouvement, une nouvelle façon d’afficher l’heure et nous avons trois nouveaux motifs dans le mouvement…C’est assurément la pièce phare de l’année. Pourquoi pensez-vous qu’ IWC a pris autant de temps pour présenter quelque chose de nouveau, en ce sens que cela ne fait pas partie de l’une de ces collections dont nous parlons? Je pense qu’il n’est jamais facile d’apporter une nouvelle icône sur le marché. L’histoire d’IWC a évolué autour de l’innovation dans les matériaux, avec la céramique, le titane… Nous introduisons actuellement le ceratanium, une combinaison de titane et de céramique, présentée l’année dernière avec l’Aquatimer. Nouveaux matériaux, nouvelles technologies, nouveaux mouvements sont l’héritage d’ IWC. Aujourd’hui, à l’occasion du 150e anniversaire, nous avons introduit un nouveau mouvement dans un nouveau design de boîtier, car la complication numérique des heures et des minutes ne correspond à aucune autre gamme de produits. C’est quelque chose du passé qui n’était connu que dans les montres de poche, mais nous avons cessé de faire des montres de poche il ya douze ans.
S’agit-il d’unepremière dans ces éditions limitées ou pensez-vous pouvoir le développer sincèrement dans une autre gamme de produits? Le mouvement est génial, innovant. Nous devrions voir … Cette montre devait-elle être aussi grande? Oui, vous avez un mouvement avec deux barils et nous avions besoin d’espace pour les deux barils. C’est une montre avec une réserve de marche de 60 heures. Auparavant, la complication originelle de Pallweber n’avait que 30 heures de réserve de marche environ. Propos recueillis à Genève par MARIA NADIM