Le thème du cirque est cher au cœur de Christian Dior. En 1950 déjà, la télévision britannique avait réalisé un reportage intitulé Dior « Circus » Comes to Town à l’occasion du défilé de la Maison à l’hôtel Savoy, à Londres. Ce fabuleux chaos créatif est le point de départ de Maria Grazia Chiuri pour cette collection haute couture printemps-été 2019. La séquence visuelle des pièces qui la composent laisse exploser le souvenir et l’imaginaire qui habitent le cirque et son rapport aux costumes, à la mode et à l’art, jusqu’à l’évocation des travaux que Cindy Sherman consacre aux clowns.
Cette collection est constituée d’une superposition d’images : la peau tatouée de la femme, qui rappelle le cirque victorien et ses phénomènes de foire, devient une combinaison aux motifs merveilleux qui façonnent le corps et racontent une histoire à porter sous les robes. Les couleurs poudrées qui se déclinent et se mêlent en une palette infinie – tout comme celles du rideau peint par Pablo Picasso pour le ballet Parade – symbolisent aussi cette usure, cette fine poussière qui revêt les habits de scène. Les jupes brodées ou incrustées de paillettes opaques sont raccourcies, jusqu’à devenir des tutus qui évoquent encore les codes du cirque peuplé d’acrobates, de dompteurs et d’écuyères.
Maria Grazia Chiuri fait appel à cette grande diversité d’images pour composer sa propre « parade » comprenant des pantalons amples, très légers, resserrés à la cheville, qui peuvent devenir des combinaisons somptueuses.
Les shorts s’associent à des chemises blanches transparentes rehaussées de collerettes ou de rubans comme élimés par le temps. On retrouve aussi des corsets en cuir, des marinières ou encore des vestes noires inspirées de celles des dompteurs. La tenue géométrique du clown blanc, sobre ou luxueuse, est réinterprétée dans ses matières, ses broderies et ses proportions.
Le défilé est rythmé par la performance de la compagnie de cirque féminine Mimbre qui, dans une recherche constante d’une poétique de l’inattendu, souligne la confiance et le lien créés entre les corps des acrobates.
Le cirque est présenté comme un lieu d’inclusion où le clown, dans sa dimension androgyne et asexuée, devient l’expression d’une égalité possible. Son regard révèle une modernité, et ce ne sont plus la beauté, les origines, le genre ni l’âge qui comptent, mais la technique et l’audace.