Prestige International, N. 8, février 1998
Prestige a publié en février 1998 une interview avec Robert et Viviane Ghanem qu’elle avait rencontrés dans leur villa à Saghbine, dominant le lac Qaraoun. Ancien député et ministre décédé le 10 Février 2019, ses propos restent toujours d’actualité.
Robert, comment avez-vous été impliqué pour la première fois au Parlement? J’étais étudiant en droit et j’avais besoin de travailler pour financer mes études. J’ai présenté ma candidature à l’Amicale de l’université et j’ai gagné. J’avais aussi besoin d’exercer une activité à côtépour avoir une certaine autonomie. Mon père était colonel dans l’armée, et mes deux frères étaient encore à l’école, etje n’avais pas la latitude pour sortir autant que je voulais. J’ai donc pensé travailler au Parlement pour être plus indépendant. Mon père n’était pas enthousiaste pour m’aider à avoir un tel travail.Je me suis finalement tourné vers ma mère qui a réussi à obtenir ce que je voulais par le biais du colonel Antoun Saad.
Qu’est-ce que le jeune Robert qui n’était pas encore avocat a appris là-bas? Travailler au Parlement, surtout à cette époque, a été une expérience très enrichissante, même pour un simple employé. Je me suis habitué à travailler aux côtés des députés et j’ai beaucoup appris d’eux. Par exemple, Rachid Karamé m’a toujours impressionné par sa façon de défendre ses causes au Parlement. Il y avait beaucoup d’autres députés, comme Albert Moukheiber, Raymond Eddé, Abdel Aziz Chéhab, Cheikh Khalil el Khoury, Edouard Honein, Kamal Joumblatt, l’émir Majid Arslan, Joseph Skaff, Sabri Hamadé, Saëb Salam …Au début, j’étais secrétaire de la commission des Affaires étrangères et mon travail consistait à noter les discours et les discussions qui avaient lieu entre les députés. L’opération était très difficile parce qu’ils parlaient toujours très vite, et parfois en arabe populaire (et il n’y avait pas de cassettes d’enregistrement). J’ai donc appris à écrire très vite et très bien.J’étais encore étudiant, et malgré le fait que mon père faisait partie de l’armée, j’étais contre l’ingérence de cette dernière dans la vie politique libanaise. Raison pour laquelle j’ai milité contre le 2e bureau. J’ai même été arrêté une fois pendant 24 heures alors que je ne m’activais pas contre le 2e bureau en soi.À cette époque, le Liban était un pays où les opposants aux régimes arabes pouvaient exprimer leurs opinions politiques, en particulier leurs idées révolutionnaires. La présence d’un tel organe était très importante pour préserver la paix et l’ordre, mais les problèmes ont commencé lorsque le Bureau est devenu un refuge pour un certain groupe de politiciens attaquant d’autres politiciens, et a commencé à s’immiscer dans la vie des Libanais, créant une pression pour beaucoup de personnes. C’est pourquoi nous avons commencé à nous y opposer, car il s’était éloigné de sa fonction principale. Après 1965, j’étais déjà avocat au barreau et je suis devenu conseiller au Parlement. Cette période m’a permis de mieux connaître un grand nombre de députés qui m’ont toujours traité avec respect et considération. Nous formions tous une même équipe,sans discrimination aucune entre unofficier au Parlement et un député.
Dans quelle mesure pensez-vous que les parlementaires actuels diffèrent de ceux du passé? Je pense que personne ne peut devenir grand par lui-même. Il existe de nombreuses personnes charismatiques, mais aucune d’entre elles ne peut devenir dirigeant si certaines conditions ne sont pas remplies, une situation sociale ou politique qui lui permet de se propulser au sommet. Auparavant, les gens étaient plus simples et plus fidèles. Il était donc assez facile pour un homme politique, bien formé, de rassembler de grandes foules autour de lui, car le système féodal existait toujours et les gens étaient facilement impressionnés par les titres. Grâce aux médias, les gens sont plus conscients et ne suivent plus aveuglément une personnalité simplement parce qu’ils ont aimé son discours. Maintenant, ils ont besoin de suivre des projets et non des personnes.
«Il existe de nombreuses personnalités charismatiques, mais aucune d’entre elles ne peut devenir un grand leader si elle ne rencontre pas des conditions favorables.»
Quels sont les points que vous partagez en commun et qui vous ont rapprochés? Viviane: Eh bien, j’étais journaliste à L’Orient-Le Jour et j’étais responsable des pages Mondanités, parce que j’aimeréellement les gens et la vie sociale. Je pense que c’était une activité importante – bien que Robert pensait que c’était du bavardage – car au Liban, la politique est liée à la vie sociale et parfois je pouvais après un dîner, par exemple, deviner ce qui allait se passer politiquement au Liban la semaine suivante.Nous partagions le même cercle d’amis et avions une approche similaire sur beaucoup de sujets, malgré le fait que nos familles respectives sont très différentes: ma famille était très ouverte socialement et beaucoup de ses membres étaient liés d’amitié à des personnalités politiques, tandis que la famille de Robert était très militaire, une famille stricte. Mais il n’y a jamais eu de conflit.
Robert: Viviane et moi, nous nous sommes rencontrés pour la première fois dans l’ascenseur.Elle était habituée à être chaleureusement saluée par tout le monde alors que je lui disais rarement «bonjour».
Viviane: A l’époque, j’avais eu beaucoup d’amendes de stationnement parce que le personnel garait ma voiture dans des endroits interdits. Un jour, deux policiers m’ont arrêtée et m’ont conduite au tribunal. Robert m’a défendue là-bas et je n’ai plus eu de problèmes.Le lendemain, je suis allée le remercier avec un gros cadeau et c’est ainsi que nous avons commencé à nous rencontrer. Nous nous sommes mariés trois ans plus tard, en 1975. En 1978, nous sommes partis pour Paris à cause de la guerre. Je ne pouvais plus travailler au Liban parce que j’étais journaliste et que nous avons eu de nombreuxévénements malheureux: notre maison nouvellement construite s’est effondrée à deux reprises au début de la guerre et Robert a failli être tué par une bombe explosée à côté de sa voiture, alors qu’il retournaitdu journalAn-Nahar. Quand nous avons appris le meurtre de Tony Frangieh, qui était un ami très proche, nous avons décidé de quitter le Liban. Non seulement parce que nous avions peur, c’est naturel, mais aussi et surtout parce que nous étions complètement dégoûtés.Nous avons décidé de ne plus rester au Liban, malgré que nous avions essayé tous les moyens pour rester ici. Nous sommes partis pour Paris avec notre fils, alors âgé de deux ans. J’ai commencé à travailler comme correspondante pour L’Orient-LeJour. J’ai fondé le magazine Fairuz avec Elham Freiha et travaillé pour Paris Match. Je n’ai jamais cessé de travailler en tant que journaliste, même lorsque j’étais malade ou enceinte, car l’écriture est ma principale passion.J’aurais pu continuer à travailler comme journaliste politique, à l’instar de Christine Ockrent et Anne Sinclair, par exemple, mais je me suis arrêtée, parce que les Libanais ne réalisent pas que la femme d’un politicien peut afficher ses propres opinions politiques dans un journal et pas nécessairement celles de son mari ou pour servir sa cause. Je voulais aussi aider mon mari dans sa carrière, alors j’ai abandonné le journalisme pour lui consacrer mon temps.
Robert: Vous savez à quel point il est important de recevoir le maximum d’aide de vos amis, et plus particulièrement de votre épouse dans une carrière politique, en particulier au Liban où la propagande n’est pas bien organisée.Dans d’autres pays, comme la France par exemple, il existe une relation forte entre le député élu et ses électeurs, car il doit toujours les soutenir et les servir. Et cette réciprocité, cet échange de services est une chose très positive, en dépit du fait que cela prend beaucoup de temps du calendrier chargé d’un député.
Leur mariage était l’un des mariages les plus populaires de son temps et une occasion de témoigner d’une véritable histoire d’amour.
Viviane, comment avez-vous aidé Robert? J’ai créé deux associations pour l’aider. La campagne électorale de Robert pivotait autour du slogan «Construire l’être humain libanais» et je m’intéressais surtout aux enfants, à la culture et à l’éducation. J’ai commencé par soutenir les écoles publiques de la Békaa, leurs conditions étaient très mauvaises. J’ai donc créé en 1994 «L’Association pour le développement de l’éducation dans la Békaa». Nous avons accordé à trente-sept écoles une bibliothèque de deux à trois cents livres pour enfants, une télévision, une vidéo, des films éducatifs, des cassettes d’histoires pour enfants et des jeux et jouets éducatifs. Nous avons également contribué à la construction d’un théâtre pouvant accueillir quatre cents personnes à «Qob Elias».
Robert, quelle a été l’influence de la position de votre père, haut gradé dans l’armée sur votre carrière d’avocat? Bien sûr, sa position a eu une influence positive sur ma carrière, je veux dire que la réputation de mon père m’a aidé,parce qu’il était connu pour son patriotisme, ses bons principes et son travail en faveur notre pays.Mais il y avait aussi des moments où il me mettait dans une situation très critique. Je me souviens quand il était commandant en chef de l’armée à l’époque où Rachid Karamé était Premier ministre. Le gouvernement a décidé de faire comparaître An-Nahar devant une cour martiale parce que Ghassan Tuéni avait écrit sur les événements et les incidents survenus au sud du Liban. Mon père a donné l’ordre d’arrêter Ghassan Tuéni et Wafik Ramadan. En tant qu’avocat d’An-Nahar, j’ai essayé de convaincre mon père de laisser l’affaire au tribunal civil en vertu de la loi sur la presse.
Viviane: Robert a même quitté la maison de ses parents pendant cette période.
Robert: Ghassan a été arrêté et j’étais responsable de sa défense jusqu’à sa libération définitive, deux semaines plus tard. Mon père était un homme militaire et il avait un tempérament militaire. Il avait de très fortes convictions et en particulier un très fort sentiment du devoir, du sacrifice et de l’honneur. Il n’a jamais été diplomate et a toujours dit et fait ce qu’il pensait être vrai sans aucune autre considération.
Quelle a été votre réaction quand il a été contraint de démissionner fin 1975? Robert: Mon travail n’a pas été affecté par la démission forcée de mon père mais j’ai été choqué et je crois toujours qu’il a été victime d’un traitement injuste, notamment parce qu’il a servi son pays pendant de nombreuses années avec courage et loyauté.
«Nous vivons au XXIe siècle et je ne crois pas vraiment à l’héritage politique.»
Lorsque vous êtes revenu au Liban après une longue absence (treize ans à Paris), avez-vous eu des difficultés à reprendre votre vie politique et sociale? Robert: Non, pas du tout, car à mon retour au Liban, la plupart des personnalités politiques étaient toujours présentes et j’ai pu complètement reprendre la politique ici. Bien sûr, il y avait une nouvelle génération, une nouvelle façon de penser, mais cela ne constituait pas un obstacle à ma réintégration dans la société, dans la politique libanaise. Parce que, pendant que j’étais à Paris, je n’ai jamais rompu les liens avec mon pays: mon bureau était toujours ouvert à Beyrouth-Ouest et j’avais de nombreux avocats, mes parents étaient toujours là, ma maison aussi et je faisais régulièrement des allers-retours entre la France et le Liban. Je fêtais Noël au Liban avec mes enfants et toute la famille, et j’y passais l’été. Ainsi, je n’ai jamais été complètement absent.Concernant ce changement dans les relations sociales entre les Libanais, avec leurs différentes religions ou opinions, et les conséquences de la guerre sur la société libanaise, je peux dire qu’il y a eu réellement un changement.J’ai remarqué que partout au Liban, les relations entre personnes de religions ou d’opinions différentes étaient pires que jamais. Mais dans la Békaa-Ouest, les relations entre les hommes politiques sont restées bonnes et amicales. La raison principale est à mon avis, qu’il y a toujours eu une forte communication entre les gens là-bas et chaque fois qu’il y avait un problème, ils avaient l’habitude de se réunir et d’en parler pour trouver une solution. Il n’ya donc aucun doute que j’ai été accepté facilement et accueilli par tout le monde.
Parlez-nous de votre travail au ministère de l’Éducation et des difficultés que vous avez rencontrées? J’ai dû faire face à de nombreux problèmes.Le premier étant la grève des enseignants. Même avant ma nomination, les professeurs se sont mis en grève. Je devais partir en voyage au Brésil avec le reste du personnel gouvernemental après la formation du nouveau cabinet en mai 1995, mais j’ai refusé de quitter le pays dans de telles circonstances. La grève m’a donné beaucoup de travail, de nombreuses plaintes auxquelles il fallait répondre, de nombreuses communications à faire et j’ai dû assister à de nombreuses réunions.Parlons du renouvellement des programmes scolaires. Après la guerre, le pays était confronté à une dangereuse régression dans tous les domaines. Je crois que la culture et l’enseignement ont toujours constitué la principale richesse du Liban. Si nous voulons rester à la pointe des avancées universelles, nous devons envisager un renouveaudes programmes éducatifs, revoir les niveaux, procéder à une modernisation radicale et à un remodelage des programmes pour aider notre pays à retrouver une certaine stabilité.Ce projet de renouvellement a été mis en place, planifié et finalement annoncé le 9 décembre 1995. Des comités ont été rapidement formés pour étudier et travailler sur l’ensemble du projet et notamment sur la création d’un nouveau livre d’éducation civique. Je crois que ma réalisation la plus importante et la plus réussie a été l’accomplissement de l’ensemble du projet.
Et qu’en est-il du problème des enseignants? Ils ont dû se mettre en grève avant que leurs plaintes ne soient entendues. Robert: Les plaintes ont été entendues et le problème a été résolu il y a longtemps. J’ai pris bonne note de toutes leurs plaintes en février 1996. J’ai envoyé le décret de l’échelle des salaires, mais les députés n’ont pas tout étudié, car des complications se sont produites lorsque les opinions ont commencé à diverger.Certains députés et ministres ont pensé que non seulement les enseignants, mais l’ensemble du secteur public devrait être concerné et que les deux décrets devraient être étudiés séparément.Finalement mes projets ont été acceptés mais ils ont omis de voter les deux décrets séparément, et ce fut un revers majeur, car la nouvelle loi sur les salaires des enseignants avait été déclarée mais ne pouvait pas être appliquée immédiatement. Le problème a été résolu plus tard.Je pense que les enseignants ont apprécié mes efforts, car tout au long de ma bataille électorale à la Békaa, un groupe important d’enseignants a travaillé à mes côtés et m’a vraiment aidé.
Y a-t-il d’autres projets que vous aimeriez avoir réalisés? Oui, beaucoup et la plupart d’entre eux visaient les bases de l’éducation, au niveau primaire. J’ai signé un accord avec le PNUD pour un projet de création d’une centaine d’écoles.L’un des principaux problèmes éducatifs au Liban est le manque d’enseignants spécialisés dans nos écoles, et l’existence de sureffectif. Le gouvernement et l’ensemble du pays doivent donc supporter le poids de cette improductivité. La faiblesse des étudiants du baccalauréat est l’une des conséquences de ce problème. J’ai essayé de trouver une solution en proposant au gouvernement d’abaisser de 64 à 56 ans l’âge de la retraite pour les enseignants, mais cela a été refusé. J’ai pensé déplacer les enseignants d’un village à un autre, là où ils sont le plus nécessaires, et les payer pour chaque kilomètre parcouru. Cela a été refusé aussi.Le projet que j’ai signé avec le PNUD consistait à créer des cours destinés à former de petits groupes d’enseignants qualifiés, un groupe de chaque Mohafaza –pour leur requalification, puis à les charger de donner les mêmes cours à d’autres enseignants. Ce projet aurait pu fournir une formation professionnelle continue aux enseignants et être bientôt mis en pratique.J’ai recensé les villages où il n’y avait pas d’école et nous avons établi une carte pour localiser toutes les villes qui n’avaient pas d’école publique. Si vous savez combien de villes manquent d’écoles, vous ne le croirez jamais!Je crois fermement que l’éducation joue un rôle de premier plan. L’être humain est la plus grande richesse de notre pays. Et le véhicule le plus puissant pour former cet être humain au Liban, est l’école publique car elle assure la démocratisation de l’éducation et favorise l’égalité des chances entre les citoyens libanais.
«J’étais épanoui et vivais à l’aise. J’ai décidé de revenir pour faire ce que je n’ai pas eu la chance de faire pendant la guerre. A l’époque, votre voix n’était entendue que si vous portiez un fusil.»
Croyez-vous en l’héritage politique? Souhaitez-vous que vos enfants soient des politiciens comme vous?J’aimerais que mes enfants arrivent à trouver leur voie, tant qu’ils sont capables et à la hauteur. Nous vivons au XXIe siècle et je ne crois pas vraiment en l’héritage politique. Bien sûr, je crois qu’il y a des familles politiques où les enfants s’habituent à un climat politique et continuent parfois le travail de leur père lorsqu’ils grandissent. Mais je ne pense pas que ce soit une règle générale, je ne pense pas non plus que la politique puisse s’hériter. Si le jeune n’a pas la volonté ni la capacité de commencer une carrière politique, il ne peut pas devenir politicien.Je crois qu’il est important de laisser les jeunes participer à la vie politique du Liban, car ils sont les seuls à pouvoir la rafraîchir et la renouveler.Il revient à eux seuls de pouvoir changer le discours des hommes qui dit que la politique est une sale carrière et qu’elle est composée de mensonges, et de trahisons. Le fait que les gens croient qu’il faut mentir et voler pour survivre et que l’honnêteté ne mène nulle part témoigne d’une mentalité maladive. Et je pense effectivement que la politique est – au sens correct du terme – une carrière honorable parce que son objectif est de servir le pays et d’aider les gens à avoir une vie meilleure.
Viviane, encouragerais-tu tes enfants à faire de la politique? Oui, seulement s’ils ont la volonté et la capacité de le faire, je suis tout à fait d’accordavec Robert dans cette affaire, et non pas parce que leur père est Robert Ghanem, un homme politique bien connu, ou parce qu’Iskandar Ghanem, leur grand-père, était un général important dans l’armée. Beaucoup de gens disent que, dans quelques années, mon fils aîné, Alexandre, poursuivra la carrière de son père et je réponds toujours «pas nécessairement».
Vous avez parlé de leur père comme homme politique. Ne diriez-vous pas que vous travaillez aussi en politique? Je ne fais pas de politique, je travaille à proximité ou à côté de la politique. Et cela a toujours été ainsi, depuis que je travaille pour L’Orient-Le Jour. Même maintenant, travaillant avec mon mari, je ne me suis jamais impliquée dans la politique, je ne travaillais qu’à côté.
Pensez-vous que vous pouvez vous lier d’amitié avec des politiques? Y a-t-il des épouses de politiciens qui sont vos amies? Viviane: En fait, beaucoup de mes amis ne sont ni des politiciens ni des personnes liées à la politique. Je pense à tous mes anciens amis qui sont toujours mes amis les plus proches et qui ne font pas de politique. Par contre, nous avons des amis qui sont des politiciens. Par exemple, Marwan Hamadé est un ami très proche et je le connaissais bien avant son entrée en politique. Et nous avons bien sûr de nombreuses connaissances et relations sociales.
Robert: Être politicien ne veut pasdire que tous mes amis doivent nécessairement être des politiques. Beaucoup de mes amis ne sont pas des politiciens et beaucoup le sont, et pas parce que j’ai un motif inavoué d’être leur ami.En fait, il est assez difficile de faire la différence entre les vrais amis et les gens qui veulent se rapprocher de vous simplement parce que vous pouvez leur être utile. Et ma dernière expérience m’a appris beaucoup de choses à ce sujet. Elle m’a aidé à être plus réaliste et à découvrir qui étaient mes vrais amis. J’ai particulièrement appris à utiliser mon cerveau plus que mes émotions. Ce fut une expérience très difficile, mais aussi très enrichissante, car elle m’a fait voir des choses que je n’avais jamais remarquées auparavant et m’a permis d’être plus conscient sur beaucoup de choses.
Voulez-vous parler un peu plus de cette expérience? Comme vous le savez, j’étais candidat aux élections législatives et j’ai échoué. Après un certain temps, j’ai commencé à comprendre et à croire que les élections s’étaient déroulées dans des conditions peu claires et que j’avais été victime d’un stratagème injuste. Je suis conscient d’être très connu dans le pays et je n’ai jamais eu besoin de gagner les élections et de devenir député pour améliorer ma réputation. Ma représentation reste intacte. D’ailleurs, être député n’a jamais été mon objectif principal. Je le perçois seulement comme un moyen de servir mon pays et les habitants de mon pays, comme mon père l’a fait avant moi. Et je crois que je suis capable de servir, en tant que député, mais aussi sans être député et je ne cesserai jamais de servir mon pays. Lorsque j’étais certain que quelque chose avait été préparé pour causer mon échec, je me suis efforcé de tout arranger.
Viviane: J’aimerais dire à quel point j’étais heureusede voir tous les amis et les personnes qui sont venus nous voir et nous soutenir pendant cette période difficile. Les gens oublient vite l’échec d’un candidat aux élections, mais dans le cas de Robert, c’était différent, et beaucoup de personnes venues de la Békaa et de l’extérieur de la Békaa ont manifesté leur fidélité et nous ont apporté leur soutien.
L’erreur a été corrigée, mais vous n’avez pas eu la chance de vous battre une seconde fois aux élections, votre adversaire s’est retiré. Pourquoi? Il n’a pas obtenu le soutien dont il avait besoin. Mais j’aurais préféré répéter le processus de la bonne façon.
Pouvez-vous nous dire si vous allez être candidat aux élections présidentielles? Il est trop tôt pour répondre à votre question, je m’engage à y répondre plus tard. Mais ce que j’aimerais dire, c’est que lorsque j’ai quitté la France, j’ai abandonné beaucoup de choses, j’étais épanoui et vivais à l’aise. J’ai décidé de revenir pour réaliser ce que je n’avais pas eu la chance de faire pendant la guerre. Sans armes.Il était difficile de se faire entendre durant la guerre. Mon objectif était de servir mon pays et je n’avais même pas l’intention de devenir ministre ou député.Je pense que quel que soit le poste que l’on occupe, on peut très bien servir son pays. Propos recueillis par Bariaa Sreih pour Prestige.